Partie IX - Synthèse   Chapitre LXVI - La Rose kabbalistique   Baffie   

Baffie

Ambert s'élève en amphithéâtre dans un site pittoresque, en face des hauts coteaux qui le séparent de la petite ville de Saint-Amand-Roche-Savine, jadis siège d'une viguerie. Son ciel est nébuleux, des brouillards fréquents l'enveloppent de vapeurs. Après les écorces d'arbre, les tablettes rases, les planches légères enduites de cire, le papyrus fourni par la membrane du roseau venu d'Egypte, le pergamenum qu'employait l'Asie; après le vélin qu'apprêta l'Europe au XIIIe siècle, sur des essais arabes de 1170, on composa le papier de chiffon, et l'Auvergne fut une des premières provinces à répandre cette admirable invention. Les papeteries d'Ambert, les plus anciennes de France, étaient au loin en grande réputation. Avant les guerres religieuses, de vastes usines, des fabriques, des manufactures, des ateliers remplissaient ses faubourgs et ses environs, et occupaient sans cesse des milliers de bras.

Thiers n'est pas la seule localité d'Auvergne où l'on fabriquait des cartes. Ambert, capitale du Livradois, point de passage vers Lyon et vers Le Puy, en livra de parfaites au public. L'un des cartiers ambertois, Jehan Rouillon, partit s'installer à Grenoble en 1612. Un peu plus tard, d'autres cartiers du Livradois, les Garret, de Marsat, allèrent également, en 1647, exercer leur art dans la capitale du Dauphiné.

Quoiqu'elle ne fît point partie des treize anciennes de la Basse-Auvergne, la ville était une des plus importantes. G. de Baffie lui avait donné le droit de consulat et corps commun. Eléonore, son héritière, porta le Livradois dans la maison d'Auvergne en s'unissant au comte Robert V.

Quelques écrivains ont cherché à expliquer Livradois par exempt, délivré des droits seigneuriaux, depuis le moment où le pays fut habité jusqu'en 1550. En 1230, Guillaume de Baffie prenait le titre de seigneur du Livradois ; en 1484, Jean de La Tour d'Auvergne était reconnu en la même qualité (André Imberdis, Guerres religieuses en Auvergne, pendant les XVIe et XVIIe siècle, 1840, Pierre Mondanel, L'ancienne batellerie de l'Allier & de la Dore: de Langeac à Nevers, 2000).

Une papesse

Marie, l'aînée des cinq filles d'Elisabeth de Nassau et la sœur de Turenne, épousa, le 19 janvier 1619, son cousin Henri de La Trémoïlle, qui abjura en 1628. Elle possédait au plus haut degré les vertus aimables. Ardente calviniste, - ne l'appelait-on pas « la papesse des Huguenots ? » - elle présida avec sollicitude à l'éducation chrétienne de Charlotte-Amélie de La Trémoïlle, sa petite-fille, qui lui dut en partie les fortes convictions qu'elle conserva jusqu'au bout.

Marie de la Trémoïlle était duchesse de Thouars. Elle naît le 17 janvier 1601 à Turenne et meurt le 24 mai 1665 à Thouars (elle est inhumée dans la Collégiale Notre-Dame de Thouars, bien que prostestante).

Fille de Henri de La Tour d'Auvergne, duc de Bouillon et d'Elisabeth de Nassau. Elle était la sœur d'Henri de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne (www.regard.eu.org - Miroir des dames chrétiennes).

Des Barbe

L'examen attentif du terrier, confirmé par d'autres textes des XVe-XVIe siècles, nous rappelle que les actuels villages de Barbe (Baffie), Ferry (Sauvessanges) et Barrier (Grandrif) s'appelaient alors Le Suc, Freyssenet et Segodangues ou Secondanges. Ils ont perdu leur nom au profit de celui d'une famille qui les « colonisa » : les Barbe, les Ferry ou les Barrier, tous signalés par ailleurs dans notre terrier (Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne, Numéros 704 à 707, 1990).

Chaumont

On peut voir en Bertrand et Foy la souche de la famille châtelaine des Baffie, qui perpétuera le nom de Dalmas et aura son centre féodal dans la paroisse voisine de Chaumont, lieu de sépulture ordinaire de sa famille.

Le Prieuré, monastère dont les origines remontent au Xème siècle, est situé en plein coeur du Livradois Forez à quelques kilomètres d'Ambert dans le Puy de Dôme. Il fut fondé en 926 par Alfred II Comte d’Auvergne et de Bertrand de Baffie. Filiale du prieuré de Sauxillanges et de Cluny, le prieuré bénédictin de Chaumont était classé troisième du Livradois après la Chaise Dieu et Sauxillanges. Le Prieuré de Chaumont jouissait d’une « haute renommée des sciences et de la piété ». Il avait sous sa dépendance de nombreuses. Depuis 1151 les religieux avaient sans doute droit de justice basse dans l’enceinte du Prieuré. Brûlé au XVème siècle par les Anglais. Pillé et ruiné en 1577 par les calvinistes du capitaine Merle.

L’Histoire a gardé l’identité de quelques prieurs : Dom Rebain en 965 et Didier en 1114. En 1604, Dom Lyos Gallanbrun céda le couvent aux religieux de l’ordre des minimes, confirmé par la bulle du pape Paul V. Saint François Régis, patron des dentellières était professeur à l’université de Billom. Il résida à Chaumont et implanta la dentelle au fuseau dans la région.

Le Père Gabriel Thibaut, Minime à Chaumont, faisait des expériences scientifiques pour Mersenne (Trevor Harvey Levere, Editing texts in the history of science and medicine, Volume 1981, 1982).

Au début du XVIIème siècle on mentionne la légende de « l’oiseau de Paradis » rattaché au Prieuré.

On conte à ce sujet l’histoire de « l’oiseau de Paradis » : un religieux du couvent, le père Anselme, avait l’habitude de se livrer à de profondes méditations. Un jour qu’il était allé au Bois-des-Pères pour y faire sa prière quotidienne, il aperçut, voltigeant devant lui, un oiseau si beau qu’il voulut l’attraper. Le père se mit à courir, mais toujours l’oiseau lui échappait puis revenait pour s’éloigner encore. Soudain le moine pensa qu’il était temps de rentrer. Il prit le chemin du retour, mais tout lui paraissait changé : ce qui était un pré l’instant d’avant était bois à ce moment et l’herbe poussait à la place du blé… Il arriva pourtant à la porte du monastère qui lui-même était méconnaissable : il ne reconnu pas plus le portier, ni le supérieur, qu’il demanda à voir. L’habit des moines lui-même était changé… Ce n’était pas deux heures mais deux siècles que le moine avait passé à courir après l’oiseau merveilleux (www.leprieurehotelrestaurant.com - Chaumont).