Partie IX - Synthèse   Chapitre LXVI - La Rose kabbalistique   Arvert   

Arvert

Arvert : Nom commun à toute la presqu’île située entre la Seudre et l’Océan. L’archiprêtré d’Arvert renfermait cinquante-six paroisses. La partie du littoral désignée sous le nom encore usité de Côte d’Arvert est toujours le théâtre de nombreux naufrages.

Arvert possède l’église collégiale Saint-Etienne des XI et XIIes siècles, dédiéeau premier diacre de la première communauté chrétienne de Jérusalem, qui fut lapidé (www.eglises-en-charente-maritime.fr - Arvert : Eglise Saint-Etienne).

En 1189, Gombeau, seigneur de Mornac, installe cinq moines ermites de Granmont, au nord-ouest de la forêt de Salis qui s’étendait depuis la Tremblade jusqu’à Breuillet, en un lieu désert nommé “la Garde” en Dirée. Bientôt un petit monastère voit le jour. Les moines surveillent le littoral inhospitalier et portent secours aux naufragés, moyennant quoi, ils jouissent du “droit de bris”. Non loin, s'installe le monastère de la Petite Couronne dépendant de l'Abbaye de la Couronne, près d'Angoulême ainsi qu’en 1112, celui de Sainte-Catherine de Coux (moines Bénédictins), tous disparus depuis longtemps. Entre les XIIe et XIVe siècles, ces communautés prospèrent. Elles installent, en bordure de la Seudre, des marais salants, exploitent des moulins à drap, une tuilerie. Dans le giron du monastère de la Garde, se développe un petit hameau, La Tremblade.

Dans l'extrême sud-ouest de la forêt, non loin du phare actuel de la Coubre, en bordure de l'étang poissonneux de Buze, se trouve une église dédiée à Notre-Dame de Buze et un petit hameau. Très tôt les sables deviennent menaçants. Il semble que les bâtiments de N-D de la Garde aient disparus vers 1342, car, à partir de cette date, ils cessent de figurer dans les pièces d'archives. Les bâtiments de Buze, à leur tour disparaissent sous les sables et réapparaissent au gré du déplacement des dunes.

Pendant les guerres de Religion, le monastère de la Couronne et ce qui reste de la Garde sont ruinés, les moines dispersés. Le temporel des deux monastères est affermé par les bénéficiaires (http://www.histoirepassion.eu - Abbaye de la Couronne).

Un presque saint du 30 mars

Le 12 mai 1118, Lambert et les religieux de La Palud posent la première pierre de l’église de La Couronne. Près de quatre années sont consacrées à la construction de ce premier édifice et des bâtiments claustraux. Le jour de la prise de possession est fixé ; plusieurs ecclésiastiques, un peuple nombreux et Vulgrin II, comte d’Angoulême, se préparent à y assister.

Après l’élévation de Lambert à l’évêché d’Angoulême, l’abbaye est gouvernée par un des frères, nommé Foucher (Fulcherius), qui remplit les fonctions d’abbé et en refuse le titre. Elie Grataud (Helias Grataudi) succède à Foucher ; il se démet volontairement de ses fonctions. Lambert consacre alors Junius (qui cum esset junior tempore, grandaevus tamen erat merito). Cet abbé procure plusieurs biens et ornements à son église.

Après le décès du fondateur de l’abbaye et évêque d’Angoulême, le 13 juin 1149, il est enterré à La Couronne, à l’extérieur du chevet de la première église.

L’abbé Junius meurt le 30 mars 1178 : éloge de ses nombreuses qualités. L’éclipse de soleil le 13 septembre, suivant le Chroniqueur, fut le présage terrible des grands événements et des malheurs de cette époque : la mort du pape Alexandre III, celle du roi Louis VII, la prise de Jérusalem, les guerres, les famines, les pestes et les ravages éprouvés par les chrétiens en Espagne, en Auvergne, en Quercy, en Angoumois et dans les diverses parties du monde. Jean de Saint-Val (de Sancto Valio) succède à Junius, et est bientôt promu, en 1182, à l’évêché d’Angoulême, où il éprouvera certaines persécutions du pouvoir temporel. Geraldus Codonii le remplace comme abbé de La Couronne, et meurt en 1192. Petrus Gaufridus ou Gaufridi devient son successeur, et de son temps les religieux vont faire leur entrée dans la nouvelle église.

Jean de Saint-Val, cinquième abbé de La Couronne (1173-1182) fonde les prieurés de Hautevaux, de Disail ou de La Petite-Couronne-en-Arvert et de Montcalm.

(http://www.histoirepassion.eu - Abbaye de la Couronne).

L’Ermite

Le plus ancien document écrit connu mentionnant Royan est la charte du cartulaire du XII° siècle de l’abbaye de la Grande-Sauve ou Sauve-Majeure, Silva Major, de l’ordre de Saint-Benoit, abbaye créée près de Bordeaux en 1079 qui fonde en 1092 le prieuré Saint-Nicolas à Royan. Parmi les témoins de cette fondation figure « Etienne, abbé et ermite de l’île de Cordouan ». La Sauve, grand centre bordelais de ce pélérinage, possède les deux prieurés de Royan et de Soulac, et l’ermitage clunisien de Cordouan perdu sur son rocher, dont la chapelle est dédiée à la Vierge. Cet ermitage bénédictin de Cordouan sert sûrement d’amer et l’ermite prie pour les âmes des marins péris en mer et, en cas de danger, sonne la cloche et allume un feu, peut-être sur le toit de l’ermitage car rien ne prouve qu’il y avait alors une tour. Le portulan de Petrus Vesconte vers 1321, le plus ancien qui mentionne Royan signale aussi Cordouan sous le nom de « Cordam ». Il existait donc à cette époque une aide aux marins assez important sur l’îlot de Cordouan pour figurer sur une carte marine de cette importance. On appelle parfois la Gironde, rivière de Bordeaux ou mer Cordouane (www.ville-royan.fr - Cordouan).

Le 5 novembre 1523, Jacques Habequet vendit à Jacques Peyron, seigneur de Fouilloux à Arvert, une pièce de terre au lieu dit a La Roucaut, dans la paroisse de Cambes. Le 14 décembre 1523, Bernard Guilhem, prêtre, et ses frères, donnèrent à Jacques Peyron, prêtre, une grotte, joignant le roc, dans la paroisse de Cambes, à la charge d'un obit. Le 30 août 1527, Jacques Peyron, seigneur de Fouilloux, reconnut tenir en fief des prêtres hospitaliers de Saint-André les fonds dépendants de l'ermitage de Cambes, au devoir de deux deniers d'esporle et de six sous de cens. Le 30 septembre 153), Jacques Peron, prêtre, seigneur de Fouilloux, en Arvert, chanoine du diocèse de Saintes, et garde de la tour de Cordouan, donne procuration à Olivier Peron, écuyer, seigneur de Sorluc. Le 4 septembre 1534, monsieur maître Jacques Peron. prêtre, seigneur de Foulhoux, ayant fondé, il y a dix ans, une chapelle à Cambes, qu'il a fait orner de beaux images, songe qu'il est vieux, qu'il n'a pas longtemps à vivre et qu'il n'a fait aucun arrangement avec le curé de la paroisse pour tixer les droits respectifs de l'ermitage et de la cure; en conséquence, il donne ledit ermilage à la fabrique de la paroisse de Cambes. Le 28 février 1535, vénérable et discrète personne maître Antoine Rampauli, curé de Cambes, voulant favoriser la chapelle fondée par le noble homme maître Jacques Peyron, seigneur de Foulhoux, lui donne en fief une petite pièce de terre. Le 21 juillet 1535, messire Jacques Peyron, seigneur de Fouilhoux et garde de la tour de Cordouan, donne une procuration. Le 18 novembre 1535, Jacques Payron, prêtre, ermite de Cordouan et seigneur de Foulhoux, donne une procuration. Le 1er mars 1536, les hospitaliers de Saint-André donnent à l'abbé de Sainte Croix les fiefs dépendants de l'ermitage de Cambes, en échange de trois maisons situées rue du Mirail, à Bordeaux, près des Augustins. Le 10 mars 1536, Jacques Peyron donne à l'abbé de Sainte-Croix la chapelle de la Sainte- Trinité, les maisons et jardin devant l'ermitage de Cambes, et deux chapelles bâties dans le roc à la charge de divers obits. Le 27 janvier 1537, Jean Delacoulx, notaire à Cambes, fait un acte de notoriété pour constater que Jacques Peyron, prêtre, sieur de Fouilhoux, en Arvert, avait résidé dans l'ermitage de Cambes pendant plusieurs années, y disant la messe tous les jours et tenant une conduite exemplaire (Archives historiques du département de la Gironde, Volume 12, 1870).

Isabelle d’Angoulême

Isabelle est une forme du prénom Elisabeth.

Jusqu'ici les comtes d'Angoulême, dit M. Marvaud, ont résistéà l'Angleterre. Quelques sentiments d'orgueil national avaient excité leur courage; mais, Aymar n'ayant pour lui succéder qu'une fille nommée Isabelle, la plus belle femme de son temps, le moment approchait où l'Angoumois allait appartenir aux Anglais par un double privilége. Isabelle, riche des souvenirs de gloire de ses ancêtres, puissante par l'autorité dont elle devait hériter, avait été demandée en mariage parles plus grands seigneurs voisins. Elle était fiancée à Gui de Lusignan, comte de la Marche et du Poitou, lorsque l'Angleterre, comprenant que l'union de ces deux familles susciterait contre elle des ennemis redoutables, chercha à s'y opposer. Jean-sans- Terre était alors roi d'Angleterre et avait succédé à Richard, au détriment du jeune Arthur, duc de Bretagne. Assez occupé de défendre un trône usurpé, il vivait en paix avec le comte d'Angoulême et les seigneurs voisins, à la suite d'une réconciliation où la bonne foi n'avait point présidé. Après de grands préparatifs où le luxe de l'époque étalait toute sa magnificence, le jour du mariage d'Isabelle avec le comte de la Marche fut fixé, a la grande satisfaction du peuple, avide de fêtes pompeuses. Tous les seigneurs du Poitou, de la Marche et de l'Angoumois, accoururent à l'invitation du noble fiancé. La ville d'Angoulême était dans la joie: la population se portait sur les places publiques, où retentissait le bruit des clairons, les hommes d'armes se réunissaient autour de leurs maîtres, et l'église couvrait ses autels de ses plus beaux ornements. Le comte d'Angoulême, pour donner plus d'éclat au mariage de sa fille, y avait invité Jean-sans-Terre, qui tenait alors sa cour à Bordeaux. Ce prince, qui venait de répudier sa femme, la fille du comte de Glocester, arriva avec un nombreux cortége. Séduit par la beauté d'Isabelle, et sans doute excité par l'ambition de posséder, à un autre titre, le comté d'Angoulême, il fit enlever, selon quelques historiens, cette jeune fiancée, et l'épousa le même jour. La chronique d'Angleterre rapporte que cet enlèvement eut lieu du consentement d'Aymar; mais celle de Flandre dit que Jean-sans-Terre, ayant été chargé de conduire Isabelle a l'autel, se fit accompagner par une nombreuse escorte de ses hommes d'armes, et, qu'arrivé dans l'église, il força l'évêque d'Angoulême, Robert de Montbron, à bénir son mariage avec elle. Il était trop puissant pour essuyer un refus ; et peut-être l'évêque vit-il avec plaisir l'autorité temporelle du comté passer dans d'autres mains, parce que le père d'Isabelle et ses prédécesseurs avaient tenté d'usurper les biens du clergé. Aussitôt après son mariage, Isabelle suivit son époux à Bordeaux. Quelques historiens ont prétendu que le roi de France, sous l'apparence de l'amitié, avait fait conseiller cet enlèvement à Jean-sans-Terre, dans l'espoir que l'Angleterre s'attirerait la haine de la maison de Lusignan et de plusieurs autres grands vassaux, et que de cette manière diminuerait son influence en Guienne (Mezerai). Il paraît aussi qu'Isabelle, dont la beauté était remarquable, mais dont le caractère était altier et vindicatif, avait tenu avant son mariage une conduite peu réservée. Peut-être le prince anglais ne put-il pas voir avec indifférence passer dans les bras d'un autre celle qui peut-être lui avait donné des preuves d'amour. Quoi qu'il en soit, le comte de Lusignan se vit enlever Isabelle, sans pouvoir la disputer à son heureux rival, à qui il jura alors une haine implacable en se liguant ensuite avec les plus puissants seigneurs du Poitou, pour soutenir le jeune Arthur, qui revendiquait ses droits au trône. Ainsi une reine adultère avait fait passer l'Angoumois au pouvoir de l'Angleterre, et une amante infidèle lui transmit d'autres droits sur cette province. Pendant quelque temps, le comte Aymar, irrité contre son gendre, s'associa aux vœux des Lusignan contre lui; mais lorsqu'Arthur de Bretagne fut tombé sous le poignard de son oncle, la mort de ce jeune prince fit cesser, pour quelque temps, la haine des Lusignan, et le mécontentement du comte d'Angoulême. Alors, cédant aux sollicitations de Jean-sans-Terre et de sa fille qui, pendant leur séjour à Bordeaux, avaient fait plusieurs voyages à Angoulême, pour se réconcilier avec lui, Aymar abjura son ressentiment. Hugues de Lusignan, réduit à ne pouvoir plus se venger, dissimula sa haine, et reçut de Jean-sansTerre le gouvernement de la Saintonge. On vit alors le père d'Isabelle et son premier fiancé prendre le partijde l'Angleterre contre la France, par un de ces retours qu'opère si souvent l'ambition dans les agitations politiques. Lorsque le prince anglais aborda à la Rochelle, avec une nombreuse armée, ils lui amenèrent les troupes qu'ils avaient levées dans leurs terres, et le suivirent au siége d'Angers (1213). Ainsi l'Angoumois n'appartint plus à la couronne de France que par un faible lien de suzeraineté, que devait, plus tard, tenter de briser l'orgueil de l'Angleterre. »

M. Marvaud raconte ensuite la mort d'Aymar Taillefer, le dernier des princes de cette maison qui ait possédé le comté d'Angoulême. Puis il indique Philippe-Auguste comme ayant, en 1217, pour se faire des partisans et diminuer l'autorité de l'étranger en affaiblissant celle des eomtes, accordé à la ville d'Angoulême un sénat chargé d'administrer la cité et d'y rendre la justice. Je ferai remarquer que ces sortes de lettres patentes ne sont que la confirmation des libertés dont jouissaient les villes de l'Aquitaine, lorsque cette contrée avait sa nationalité, et Je le prouverai ailleurs. « Jean-sans-Terre étant mort, continue l'auteur, Isabelle quitta l'Angleterre, où elle laissa ses enfants. L'un d'eux, Henri III, succéda à son père, et céda à sa mère, pour une partie de son douaire, le comté d'Angoulême, avec les seigneuries de Cognac, de Merpins et de Jarnac. Aussitôt qu'elle fut arrivée à Angoulême, elle reprit l'administration du comté. Jeune, et conservant encore une partie de sa beauté, elle ranima la passion mal éteinte du comte de Lusignan, qui devint son époux. La célébration du mariage eut lieu à Angoulême, en présence de toute la noblesse du pays. Mais Isabelle, fière et orgueilleuse de s'être assise sur le trône d'Angleterre, voulut conserver le titre de reine, et exigea que son mari lui en donnât le nom. L'Angleterre devait donc présider au pays par l'orgueil d'une femme. »

Après avoir fait connaître que ce fut un seigneur angoumoisin, Hugues, seigneur de Mareuil, qui fit prisonnier, à la bataille de Bouvines, le comte de Flandre, allié de l'Angleterre, l'auteur vient aux faits importants qui se rattachent au nom d'Isabelle Taillefer, la comtesse-reine. Il la représente comme prenant toujours les intérêts de l'Angleterre, au détriment de la France, sans qu'aucune considération pût l'emporter sur sa fierté et ses affections de mère. • Son second hymen, dit-il, n'eut pas d'amour; l'ambition seule y présida, et l'Angoumois sacrifia son repos à l'orgueil de la fille de ses anciens maîtres. » Vient le récit de toute la querelle de la comtesse-reine avec Louis IX, compris la bataille de Taillebourg, la tentative d'empoisonnement sur le bon roi, qui se venge noblement en accordant la paix à l'altière Isabelle et à son époux. Les détails donnés par M. Massiou, qui a écrit à fond sur cette guerre, dispensent d'y revenir ici. Seulement on notera que M. Marvaud mentionne que, d'après le traité de paix consenti par saint Louis, il se fit donner par le comte de la Marche et par Isabelle d'Angoulême, en garantie des conditions portées , et pour les garder trois ans, trois places d'armes, savoir : Merpins , Castrum-Achiardi, qu'il dit être le château d'Archiac, et qui est probablement Château-Larcher, près de Poitiers, et celui de Cresanes ou Crasanes, près de Saintes, dont un des plus actifs collaborateurs à ce Recueil porte le nom. Ensuite on arrive à la mort de la comtesse-reine à Angoulême, « emportant dans la tombe, dit l'auteur, la haine qui, dans les derniers moments de sa vie, avait égaré sa raison. Elle fut inhumée près de son père, dans l'abbaye de la Couronne » (Armand Désiré de La Fontenelle de Vaudoré, Revue anglo-française, 1837), appelée alors Saint-Nicolas, avant que son corps ne soit transféré à l'abbaye de Fontevraud (fr.wikipedia.org - Abbaye Notre-Dame de La Couronne).