Partie IX - Synthèse   Chapitre LXIV - Super-étoile (Superstar in english)   Andouillé, 10 juin   

Andouillé, 10 juin

Le nom de la commune remonte aux premiers siécles et de l'époque de l'occupation romaine : Vico de Andoliaco et dans ces variations : Andoliacus, Villa Andoliaco au IXème siècle, Andoillé (1312), Andoulleyo (1478) et Andouillé depuis 1530. L'Abbé Heslot, curé de la paroisse tentera en 1860 de transformer le nom en celui d'Andoville. Dol signifie méandre en gaulois.

Au temps de Charlemagne, en l'an 802, il est fait mention d'Andouillé avec les incursions de Normands aux IXème et Xème siècles, de l'occupation anglaise XIVème et XVème, époque dont il reste quelques vestiges. Aux XVIIème et XVIIIème siècles, Andouillé eut un collège important et très florissant.

Au XVIIIème siècle, la seigneurie de la paroisse connut un différend qui opposa le comte de Laval au seigneur du Ménil-Barré. Le sire de Laval possédait des titres qui attestaient qu'en 1518, la prévôté d'Andouillé figurait bien sur les comptes de sa châtellenie de Saint-Ouën ; de son côté, le curé de la paroisse qui semblait plutôt appuyer les prétentions du seigneur du Ménil demanda au conseil de tutelle du duc de la Trémoille l'autorisation de déplacer le ban seigneurial (1758). Évidemment, cette permission fut refusée " pour ne pas perdre le signe extérieur du droit contesté ".

A la fin du XIXème siècle, Andouillé fut la seconde commune de France à être électrifié grâce à la turbine du Moulin de la Forge, installée sur l'Ernée. On y inventera la pierre à carbure à la néo-métallurgie de Rochefort (www.harmonie-andouille.fr - Andouillé, www.ville-andouille.fr - histoire).

Joué, sur la commune d'Andouillé, est mentionné dès 1544 sous le nom de Jouy. Il fut un fief mouvant de Saint Ouen. Abandonné pendant plus de deux siècles, le manoir de Joué a longtemps présenté des murs éventrés qui laissaient entrevoir de belles cheminées en granit. Propriété de la Famille de Loré, il se dressait dans un site de buissons et de rocailles. Ces Loré (qui étaient seigneurs de Joué-en-Charnie) ont pu donner le nom de Joué à ce domaine sur lequel on ne possède aucun renseignement avant le milieu du XVIe. Joué se rappelle Jean de Loré qui fut tué par Jean d'Abattant, au château du Mesnil-Barré, en Saint-Germain-le-Guillaume au cours d'une querelle futile de jeu, en 1538. Les Loré étaient aussi baron d'Ivry-la-Bataille (Ezy-sur-Eure). Les armes de Loré portaient commes armes " d'hermine à trois quintefeuilles de gueules. " (fr.wikipedia.org - Andouillé).

À Andouillé (Mayenne), le chanoine Sauvé est l'orateur de la fête de la translation des reliques de saint Prosper, martyr, le dimanche 9 septembre 1860. Devant Mgr Wicart, évêque de Laval, qui a obtenu du Saint-Père pour la belle église nouvellement construite cette insigne relique, exhumée du cimetière de Saint-Callixte, devant une foule énorme, il dit " avec ce ton de piété, cette éloquence de cœur, cet entrain de bon goût qu'on lui connaît ", quel est ce saint martyr, quels sont les droits tant particuliers que généraux de saint Prosper au culte des catholiques, comment pratiquer ce culte.

Les reliques de saint Prosper arrivèrent de Rome à Catenanuova le 24 septembre 1752. C'est pourquoi la fête patronale de la cité sicilienne se déroule le dernier dimanche de septembre.

Notons que Prosper d'Aquitaine qui aurait été aussi le Prospero de Reggio est fêté le 25 juin comme son homonyme italien, et le second le 24 novembre dans le diocèse de Reggio.

Bon Vieillard

Daniel Hay du Chastelet, abbé de Chambon, doyen de l'église collégiale de Saint-Thugal de Laval, membre de l'Académie française (1635) est né à Laval, le 23 octobre 1596, mort dans la même ville le 20 avril 1671. Son frère, Paul Hay sieur du Chastelet, fut l'un des premiers membres de l'Académie française. L'abbé Hay avait beaucoup écrit sur les mathématiques et sur les matières de controverse. Le marquis du Châtelet, son neveu, ne connaissant rien à ses manuscrits, et ne voulant pas qu'un autre les débrouillât, prit le parti de les jeter au feu. Un Gautier Hay, seigneur de la Guerche et de Pouancé (àcôté de Carbay), est signalé au XIème siècle ; puis vers 1350 apparaît le premier Hay des Nétumières. La famille Hay du Châtelet, est une branche des Nétumières.

Son père, Daniel Hay, sieur du Châtelet, issu d'un second mariage de Jean Hay, sieur du Plessis et des Nétumières, conseiller au parlement de Rennes en 1554, était à Laval juge civil. Il avait eu pour mère Perrine Chevallerie et avait été baptisé le 20 avril 1563 dans l'église protestante de Vitré. Il eut deux fils, Paul et Daniel. Le premier, né sans doute aussi à Laval vers le mois de novembre 1592, suivit la carrière de ses ancêtres, et dès l'année 1616 entra, comme conseiller, au parlement de Bretagne. Homme de talent, audacieux et protégé de Richelieu, il devait marcher vite dans le chemin de la fortune et des honneurs, et être pour son frère, auprès du tout-puissant ministre, autant que son père auprès des comtes de Laval, un appui et une recommandation.

Daniel, son cadet, étudia la théologie, entra dans l'état ecclésiastique et fut bientôt, grâce à la présentation bienveillante des la Trémoïlle, largement pourvu de bénéfices. C'est ainsi que jeune encore il devint abbé de Chambon, à vingt-cinq ans prieur de Notre-Dame de Vitré et doyen de l'église collégiale de Saint-Tugal à Laval. L'abbaye de Chambon, du reste assez obscure, était située en Poitou, près de la Scie-en-Brigon ; elle était de l'ordre de Saint-Benoît et dépendait de la vicomté de Thouars, qui appartenait aux la Trémoïlle, dont elle fut pour ainsi dire le berceau. La prébende de doyen de Saint-Tugal était à la disposition des la Trémoïlle, seigneurs de Laval A ce dernier titre était adjoint celui de curé d'Andouillé. D'ailleurs cette désignation lui est donnée dans plusieurs pièces que nous avons retrouvées aux archives de cette commune.

Il vécut à Laval dans une solitude fort studieuse, au fond de sa grande et belle maison, sise place du Palais, et passa auprès de ses compatriotes pour " controversiste habile et grand mathématicien. Il avait entassé de nombreux manuscrits sur ses études favorites ; mais les intimes seuls le savaient. Il ne se résigna jamais à rien livrer à l'impression.

Ce fut pourtant avec ces titres à l'immortalité qu'il devint membre de l'Académie naissante, le 26 février 1635. Paul du Châtelet le présenta à ses confrères, et l'illustre compagnie ne pouvait, mieux qu'en recevant dans son sein Daniel Hay, témoigner sa reconnaissance à son aine, qui lui avait déjà rendu des services et pouvait lui en rendre encore par la faveur dont il jouissait auprès de Richelieu, et au pouvoir, qui tenait à contenter une famille dont le membre le plus en vue lui valait une armée dans ses luttes contre les partisans de la reine mère. Le nouvel élu occupa le 37ème fauteuil.

Du Chastelet fit de rares apparitions dans son bénéfice d'Andouillé, de 1650 à 1654. Andouillé est assez coquettement assis à mi-côte des hauteurs fertiles et mamelonnées qui, à l'est, le séparent de la Mayenne. Par delà l'Ernée, coulant entre ses dernières maisons, il regarde au sud les collines rapprochées de Crennes, sombres et incultes ; au sud-ouest et à l'ouest, celles, plus éloignées, de Jouet et de la Janvrie, moins dénudées et moins sévères. Des terrasses mêmes du presbytère l'œil remonte le cours de l'Ernée se déroulant en nombreux méandres et se perdant entre de larges bordures de chênes, d'aunes et de peupliers, qui, vus de pied, offrent l'apparence d'un gracieux sous-bois. Vus de haut, ces arbres tapissent de leurs cimes le flanc des roches tourmentées de Jouet et de la Janvrie, qui, considérées du nord-est, se marient harmonieusement pour les yeux aux derniers nuages de l'horizon, et, éclairées par les rayons d'un soleil couchant, revêtent parfois des aspects bizarres, sauvages, pittoresques, faits pour défier le pinceau le plus habile. Cette vallée, calme et reposée, peut attirer un homme d'étude en ses jours de loisir. Daniel Hay ne fut sans doute pas insensible à ses charmes et visita quelquefois ces lieux où Monsieur Jevrin, son vicaire. […] Dans les actes restés aux archives d'Andouillé Monsieur Jevrin n'a garde d'oublier un des titres de son curé lorsque celui-ci daigne apparaître au baptême d'enfants privilégiés ou bien à la sépulture de quelques-uns de ses paroissiens. Ces désignations ont au moins pour nous l'intérêt rétrospectif de documents qu'on nous permettra de citer parce qu'ils sont rares et inédits : Le huitième jour de juillet, l'an mil six cent cinquante-trois, a été baptisé Daniel, fils de Mathurin Jousse et de son épouse. A été son parrain messire Daniel Hay, prêtre, docteur en théologie de la faculté de Paris, abbé de l'abbaye de Notre-Dame de Champbon, doyen de l'église Saint-Tugal de Laval et curé de cette paroisse ; marraine, honorable Elisabeth Quéruau, dame de Lozière, par nous vicquairre (sic) dudit Andouillé soussignée " Entre temps Andouillé le vit assister aux funérailles de personnes qui lui étaient unies par des liens d'amitié ou de société. Sa présence est ainsi signalée à la sépulture de " messire Julien Baudre, vicaire d'Andouillé, enterré dans le chœur de l'église " Ce prêtre, estimé et considéré à cause du bien qu'il avait fait à Andouillé, était peut-être le prédécesseur immédiat d'Etienne Jevrin.

Après avoir donné à ses paroissiens et amis d'Andouillé ces témoignages de sa considération et les avoir honorés par ces déplacements auxquels le portaient sans doute la bonté de son cœur et son esprit de condescendance, le doyen académicien retournait présider l'office à Saint-Tugal, entouré des dix-sept chanoines de sa collégiale.

Malgré l'autorité de Gabriel Naudé, il est difficile d'admettre comme authentique un pamphlet contre le pouvoir, daté du 4 mars 1649, intitulé Advis à la Reyne sur la conférence de Ruel, et attribué à l'abbé de Chambon. Si celui-ci en est l'auteur, il faut le ranger parmi les plus ardents frondeurs. Mais sa position et sa personnalité suffisamment connues le mettaient trop en évidence pour passer inaperçu. Or, aucun mémoire du temps ne fait, que nous sachions, mention de lui comme adversaire de Mazarin. On ne conçoit du reste guère ce qui l'aurait porté à compromettre dans ces mêlées parfois sanglantes, toujours pleines de péril et d'incertitude, la fortune de sa famille, vraiment gâtée par la faveur du roi. Louis XIV n'avait pas l'habitude de récompenser les anciens frondeurs. Or, de plus en plus satisfait des Hay, il érigeait quelques années plus tard en marquisat la terre du Châtelet en faveur de Paul Hay du Châtelet, neveu de Daniel Hay.

D'ailleurs la pièce est audacieuse et écrite d'un style énergique. L'esprit satirique, qu'il faudrait croire avoir été de famille chez les Du Châtelet, s'y trouve, avec les qualités reconnues à celui du célèbre polémiste, Paul Hay ; mais on en fait un usage bien différent. Quelques idées y constituent un véritable anachronisme. On évoque déjà le spectre du peuple qui se lève, résolu à se faire justice et pouvant bien " renverser des royaumes, comme des maisons bourgeoises et des chaumières de paysans ; car, ajoute le mémoire, " il semble que le ciel depuis trente ans ait conjuré la, ruine de toutes les monarchies. " On ne recule pas même devant cet aphorisme, brutal quand il s'adresse à une reine : " le subject armé contre son maistre devient son égal..." On se croit transporté à cent cinquante ans plus tard, et l'on s'imagine entendre les revendications de l'abbé Siéyès. Mais comme le document porte une date certaine, qui empêche toute méprise sur l'époque de la rédaction, on se figure au moins lire une page d'un Paul de Gondi plutôt que d'un abbé de Chambon. Encore une fois, le doute est ici de mise.

Ce qu'il y a de certain c'est que Daniel Hay s'occupait dans ces temps-là des devoirs de famille que lui imposait la tutelle de ses neveux, héritiers d'une fortune considérable. Avec de semblables ressources, le nom honoré laissé par leur père et l'appui du pouvoir, les pupilles de l'abbé de Chambon ne devaient pas être d'un établissement difficile. Toutefois les fonctions de tuteur ne vont pas d'ordinaire sans quelques soucis. Quels qu'aient été ceux-ci pour Daniel Hay, ils ne l'empêchèrent pas de parvenir à une verte vieillesse, qui se prolongea encore plus de vingt ans. Arrivé à l'âge de soixante quinze ans il s'éteignit tranquillement à Laval, le 20 avril 1671.

Ses manuscrits passèrent, selon l'abbé d'Olivet, à son neveu Paul, deuxième du nom, ou plutôt, selon l'auteur de La Bretagne à l'Académie, à son autre neveu, Jean Hay du Châtelet. Cet héritier " ne connaissant rien aux papiers de son oncle et ne voulant pas qu'un autre les débrouillât, prit le parti de les jeter au feu ". Ce vandalisme inqualifiable explique le mot de René Kerviler : " Daniel du Châtelet est un des rares académiciens dont il ne reste absolument rien d'authentique, pas même une phrase " (Auguste Anis, Bulletin de la commission de la Mayenne, tome 3, 1891).

Jeune Mort

Découverte d'un cadavre dans " la grande rivière "

Le premier jour d'octobre 1729, Michel Lelievre, metayer de l'Ame en cette paroisse, accompagné de plusieurs autres, nous a amené un cadavre d'un jeunne homme qui parroissoit agé d'environ 20 ans poil tirant sur le blond vetu de deux habits de toile, bas de fil blanc, culotte de toile, dans la poche duquel on a trouvé plusieurs petites cordes un petit ploton de fil retors, un chapelet et un peigne aupres dudit cadavre sur le visage, les bras et les cuisses parroisant meurtris en plsuieurs endroits comme de coups la tete aussi offensée avec du sang tué ; nous luy avons (en interligne : trouvé noyé dans la grande riviere sur notre paroisse)

donné la sepulture ecclesiastique, presence Louis Loublier, (interligne : ledit jour et an que dessus) Michel Leliepvre, François Benoiste et autres.

(Signature :) M. Girard

(ad53.lamayenne.fr - Morts violentes).