Partie IX - Synthèse   Chapitre LXV - Faucher les Marguerite   A la colle avec Marguerite   

A la colle avec sainte Marguerite

Pour Basile Valentin, « le sel armoniac est en chimie un chlorure d'ammonium, mais en alchimie cette dénomination désigne la matière en train de se sublimer ou bien l’œuvre au blanc. Le sel armoniac désigne le sel d'harmonie, c'est-à-dire la phase au blanc de la coagulation, donc de l'harmonie de la matière. » (Basile Valentin, Le char triomphal de l'Antimoine, 2002, Retire-moi de la boue : la couronne boréale).

Le verbe racheter (redimo) est très proche de redimio = couronner, ceint d'une couronne. C'est donc bien lors de la coagulation qu'apparaît cette couronne hermétique qui orne tant de gravures dans les traités (herve.delboy.perso.sfr.fr - Philalèthe).

La couronne Boréale, qui est celle de Marguerite, avec ses neufs étoiles d’argent (couronne d’Ariane chez le Tintoret) couronne la sainte.

Sainte Marguerite est d’Antioche de Pisidie. Antioche signifie en grec Anti – Ochos : ce qui fait lien, Pisidie : poix. Antioche de Pisidie désigne donc une matière solide qui fait lien : la colle.

« Antiochus, du grec anti et de ochos, lien ; qui sert de lien. » (Le martyrologe romain, 1866).

« Pisidie, grec, poix ou poissé, province de l'Asie mineure, ayant la Lycaonie au septentrion, la Pamphilie au midi, la Cilicie et la Cappadoce à l'orient, et la province d'Asie au couchant. La Pisidie fut séparée au quatrième siècle de la Lycaonie, avec laquelle elle ne faisait auparavant qu'une même province. La Lycaonie retint la ville d'Icône pour métropole, et on assigna pour métropole de la Pisidie la ville d'Antioche, connue sous le nom d'Antioche de Pisidie où saint Paul prêcha. (Actes : 13, 14. 14, 25.) » (Charles Louis Richard, Bibliothèque sacrée, 1824).

« Quoiqu'on eût découvert des perles dans les mers des Indes Orientales et dans celles de l'Amérique, leur prix se soutint assez, pour qu'on cherchât à les contrefaire. L'imitation fut d'abord grossière. C'état du verre, couvert de mercure. Les essais se sont multipliés; et avec le tems on est parvenu à copier assez bien la nature, pour qu'il fût facile de s'y méprendre. Les perle artificielles, faites aujourd'hui avec de la cire et de la colle de poisson, ont sur les autres quelques avantages. Elles sont à bon marché ; et on leur donne le volume, la forme qui conviennent le mieux aux femmes qui veulent les faire servir à letir parure. Cette invention étoit ignorée, lorsque les Espagnols s'établirent à Cubagua. Ils arrivèrent avec quelques sauvages des Lucayes qui ne s'étaient pas trouvés propres au travail des mines; mais qui avaient une grande facilité à demeurer longtems sous l’eau. Ce talent valut à leurs oppresseurs une grande quantité de perles. On ne les gâta pas, comme avaient fait jusqu'alors les Américains, qui ne connaissaient que le moyen du feu, pour ouvrir la coquille qui les renfermait. Elles furent conservées dans toute leur beauté, et trouvèrent un débit avantageux. Mais ce fut le succès d'un moment. Le banc de perles fut bientôt épuisé ; et la colonie fut transférée, en 1524, à la Marguerite où se trouvaient les richesses qu'on regrettait, et d'où elles disparurent presque aussi vite. Cependant on n'abandonna pas ce dernier établissement. Il a quinze lieues de long sur cinq de large. Des brouillards épais le couvrent presque continuellement, quoique la nature lui ait refusé les eaux courantes. On n'y voit de bourgade que Mon Padre, défendue par un petit fort. Son sol serait fertile, s'il était cultivé. » (Guillaume-Thomas Raynal, Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des européens dans les deux Indes, 1780).

Marguerite de Navarre, sœur de François Ier, écrivit dans Oraison de l’ame fidèle : « Toy, dieu et homme, en es seule jointure, Car Rien à Tout, sans toy, ne joindroit point. christ, tuas mis et Dieu et l'homme ensemble, Les deux paroyz differentes assemble, Et Rien à Tout sy bien uniz et colle, Qu'en tous les deux rien qu'un tout seul ne semble. Qui est en toy par grace, il te ressemble, Et n' ha plus rien de la vieille chair molle. Chair tu t' es fait, ô tresvive Parole, Pour nostre chair toute en toy transformer. En toy vivons, en nous joue ton rolle Qui contraint dieu comme enfans nous aymer. Dieu n'ayme rien que son seul filz unique, Et à sa voix ne fait nulle rèplique. S'il est en nous et qu'il fasse priere, Exaucé est, dont nous avons pratique; Car sa priere au salul il applique De ses Esleuz, tirez de la perriere De l'ignorance et obscure carriere, Dedens son corps trescler et lumineux : En luy voyons DIEU sans nulle barriere, Car nous sommes par CHRIST hommes tousneufz ».

« En France, sur une chaîne de télévision privée, des humoristes parodient un " spot" publicitaire pour une colle extra-forte en montrant le Christ collé sur sa croix (1998). » (Jacques de Landsberg, L'art en croix: le thème de la crucifixion dans l'histoire de l'art, 2001).

Images pas aussi « racoleuses, véritablement outrageantes » que l’on pourrait croire.

Proclus emploie souvent une phraséologie métallurgique, voire alchimique, pour décrire les composés. En particulier, il cite in Tim. V 321, 22-25, où il est dit que pour produire les homéomères il faut de la fusion (têxis) et de la colle (kollêsis), semble bien être la source de la célèbre maxime alchimique solve et coagula (Cristina Viano, L'alchimie et ses racines philosophiques: La tradition grecque et la tradition arabe, 2005).