Partie XIII - La Croix d’Huriel   La Croix d’Huriel et la littérature   

Huriel dans les Maîtres sonneurs

C'est entre 1846 et 1853 que Georges Sand écrit ses "romans champêtres" ou "chroniques paysannes" dans lesquels elle exprime son optimisme sentimental et sa soif de vérité. Nous sommes en plein romantisme... Déçue dans ses aspirations socialistes par la Révolution de 1848, elle abandonne le combat et se retire dans la maison de son enfance, à Nohant. C'est aussi la paix du coeur quelle veut trouver dans "ce Berry si romantique, si bon, si calme" : Georges Sand vient en effet, de rompre avec Frédéric Chopin après neuf années de passions et de déchirements.

Huriel est présent en tant que personnage dans le roman des Maîtres sonneurs. Paru dans Le Constitutionnel en juin et juillet 1853, il raconte la vie des "cornemuseux" à la fin du XVIIIe siècle.

L’essentiel du roman se passe à Nohant, bien que ce ne soit pas toujours explicite. Les guides touristiques parlent davantage de Saint-Chartier, dont les combles du château abritent en effet une des dernières scènes (le château était en ruines à l’époque de George Sand, et il apparaît ainsi dans le roman). A plusieurs reprises, l’action se déplace donc du Berry au Bourbonnais, puisque qu’elle narre comment Joseph, jeune garçon de ferme attaché à la propriété de l’Aulnière (que l’on peut toujours voir près de Nohant) s’initie à la musique en compagnie des muletiers et des bûcherons de la région de Chambérat, dans l’Allier (www.terresdecrivains.com - George Sand, fr.wikipedia.org - Les Maîtres sonneurs, www.huriel.net - Préambule).

Si le personnage du malingre Joseph rappelle Chpoin, comment ne pas songer à Liszt encore dans cette étonnante création d'Huriel, le beau cornemuseux des Maîtres sonneurs débordant de vie (Thérèse Marix-Spire, Les romantiques et la musique: le cas George Sand, 1804-1838, Volume 1, 1954 - books.google.fr).

A partir du roman Isidora, beaucoup des hommes qui vont peupler l'univers sandien (et on pense à François le Champi, à Landry dans La Petite Fadette, à Célio dans Le Château des Désertes, à Rosario dans La Filleule, à Huriel des Maîtres sonneurs, à Adriani, à Julien dans Antonia, à Abel dans Malgrétout, et à Emilien dans Nanon) représentent le jeune homme éclairé qui incarne la potentialité de concevoir - dans les multiples sesn de ce verbe - un avenir égalitaire (David Powel, La polyvocalité dans Isidora, George Sand: Voix, image, texte, 2010 - books.google.fr).

Quoiqu'à titre personnel elle avoue ne croire "ni aux sorciers ni aux prodiges", elle sait que les "visions de la nuit" font partie intégrante du poème des "imaginations champêtres" et sont un témoignage précieux sur les peurs qui réactivent dans la mentalité paysanne, les récits effrayants contés par les nourrices et les aïeules lors des veillées rustiques. La nuit génère des hallucinations qui donnent aux scènes de la nature les plus habituelles l'étrangeté d'un monde surnaturel. Ces fantômes peuvent cacher des animaux fabuleux, inconnus du grand jour. Ainsi la grand'bête qui n'est précisément "ni une chienne, ni une vache, ni un blaireau, ni un cheval, mais quelque chose comme tout cela", rôde autour des fermes à la 'grand'nuit' et fait périr les bestiaux par "son souffle" ou sa seule "influence". De telles légendes irriguent Les Maîtres sonneurs où, près du "chêne bourru", Tiennet voit "un grand animal noir" qui, après avoir fait "feu des quatre pieds", prend sa course et disparaît avant d'avoir pu être identifié. Le héros, pourtant vaillant, analyse ainsi la "crainte" qui l'a "enfroidi" : "La nuit, la brume d'hiver, un tas de bruits qu'on entend dans les bois et qui sont autres que ceux de la plaine, un tas de folles histoires qu'on a entendu raconter, et qui vous reviennent dans la tête", sur fond de musique "endiablée" de "cornemuses" "il y a de quoi vous troubler l'esprit quand on est jeune, voire quand on ne l'est plus". Les mules et les mulets d'Huriel, animaux noirs s'il en est, réveillent en Tiennet le souvenir de l'une des "scènes de la nuit dont la croyance est la plus répandue", c'est-à-dire, "la chasse à baudet" ou "chasse fantastique" qui "affecte les bruits aigres et grotesques d'une incommensurable troupe d'ânes qui braient" sans que l'on puisse les apercevoir. Tiennet, lui, serait tenté de les reconnaître dans le troupeau d'Huriel qui envahit le champ de froment de son beau-frère et y gambille, "à la lune levante en vraie chasse à baudet, qui est [...] la danse des bourriques du diable, quand les follets et les fades galopent dessus à travers les nuées". Le retour du héros à la rationalité - "il n'y avait pourtant point là de magie, mais bien une grande fraude de pâture" n'enlève rien à la prégnance de la fantasmagorie nocturne (Simone Bernard-Griffiths, Harmonique des nuits sandiennes, George Sand: Voix, image, texte, 2010 - books.google.fr).

Rochemaure dans Mauprat

Bernard de Mauprat a perdu ses parents à l'âge de sept ans. Il est alors tombé sous la dépendance de son oncle Tristan de Mauprat et de ses deux fils qui se sont appliqués à le pervertir. Ces trois hommes, derniers rejetons d'une noblesse féodale sauvage et cruelle, vivent de rapines et terrorisent leur voisinage. Edmée de Mauprat, cousine de Bernard, s'étant malheureusement égarée du côté de la demeure des Mauprat, est capturée par ces derniers, lui faisant croirer qu'ils l'emmènent au château de Rochemaure. Ces monstres poussent Bernard à violer sa cousine. Abruti par l'alcool, Bernard tente de s'exécuter, mais la jeune fille parvient à le contenir et l'amène à fuir le château avec elle. A ce moment, le repaire des Mauprat est attaqué par la Maréchaussée. La bâtisse brûle et les oncles de Bernard passent pour morts. Le jeune homme est recueilli par le Chevalier Hubert, père d'Edmée. Bernard consent à se civiliser et à faire des études pour plaire à Edmée et qu'elle accepte de l'épouser. Mais comme, malgré tous ces efforts, elle refuse toujours, il part pour l'Amérique avec l'armée de Lafayette. Il y demeure six ans. Lorsqu'il revient en France, et qu'il retrouve Edmée solitaire, il la demande une nouvelle fois en mariage mais elle refuse encore. Ils se disputent violemment. Peu après, Edmée est abattue d'un coup de fusil au cours d'une chasse. Bernard est tout de suite soupçonné d'avoir commis le crime et il est jeté en prison. Edmée, remise, intercède pour lui. On découvre ensuite le vrai coupable : il s'agit d'Antoine de Mauprat qui n'était pas mort dans l'incendie de son château. Après cette ultime épreuve, Edmée décide que Bernard est enfin digne d'elle. Ils se marient et vivent heureux malgré les tremblements de la Révolution (george.sand.pagesperso-orange.fr).

L'éducation de Bernard Mauprat le transforme peu à peu "de loup en homme." George Sand pense perfectibles l'individu et l'humanité. Plusieurs types de scénario romanesque traduisent sa confiance en la durée bénéfique.

A Aiript dans les Deux-Sèvres, la pièce de terre qui se situe dans son angle Nord-Est porte le nom de « Mauprat » ; « le Mauvais pré ». Non que son sol soit de qualité médiocre, loin de là ! Mais la tradition locale veut qu'il ait été le théâtre d'un combat sanglant, d'une mauvaise rencontre que l'on fait remonter aux temps carolingiens. « Chemin de Charlemagne », qui serait passé là. Lui ou un autre, d'ailleurs. Ce qui compte, c'est la persistance, dans la toponymie cadastrale et dans la mémoire paysanne, d'un événement très ancien dont le carrefour fut le témoin (Marcel Gautier, Un chapitre négligé sur la géographie agraire : Les enseignements des chemins ruraux. In: L'information géographique. Volume 17 n°3, 1953 - www.persee.fr).

L'an dernier, une société cinématographique, voulant confectionner un film pour le roman de Mauprat, vint à Châteaubrun. Châteaubrun se prêtait à coup sûr plus pour cette besogne que les ruines du château de la Roche que nous a décrites Vermond; mais il n'en est pas moins vrai que Châteaubrun n'est pas la RocheMauprat c'est la Roche-Guillebault. Il suffit d'aller sur les lieux pour s'en convaincre, le roman de George Sand à la main, et aussi le conte de Pierre Vermond. Près du château de la Roche, à 2 kilomètres environ, dans les bois, il y a les ruines d'une abbaye il y a des moines dans le roman de Mme Sand; il n'y avait pas de moines près de Châteaubrun. D'autre part, Mme Sand a été très liée avec la famille Pissavy, de La Châtre, dont l'ancêtre était un Auvergnat. très énergique, qui avait dans sa jeunesse porterie ballot du marchand. Cette famille possède encore une belle propriété dans les environs de la Roche-Guillebault. J'ai même l'idée que le Mauprat, qui a été civilisé par sa femme, et le père Pissavy ne forment qu'un même personnage, de même que Arthur et Néraud le botaniste (de La Châtre), c'est le même homme. Pas de doute de ce côté-là. Maintenant, que veux dire Mauprat ? En langue du pays, ce mot désigne un mauvais pré. Le château de la Roche-Guillebault est justement à la pointe d'un méchant petit pré cela n'existe pas à Châteaubrun. Je conclus donc que le roman de Mauprat a été inspiré à George Sand par le conte de Pierre Vermond, et qu'elle est allée sur les lieux avec ses amis de La Châtre pour se documenter (Alph. Ponroy, Le Figaro - Supplément littéraire du dimanche, 30 avril 1927 - Numéro 421).

En 1218, Humbaud, sire d'Huriel, reçoit de Guillaume, sire de La Roche-Guillebaud, partant pour croisade, ses châteaux de La Roche et de Prévenges, comme gages de 14000 sous tournois et de 3 livres monnaie de Gien dont il lui avait fait l'avance. [...] On a pensé que George Sand avait été inspirée par la solitude des lieux dans son roman Mauprat, et on se plaît à voir dans la description du castel du dernier Mauprat « ce petit château en ruines dont on ne découvre les tourelles ébréchées qu'à cent pas de la herse... ». Et l'on n'a pas hésité à faire de La de La Roche-Guillebaud La Roche-Mauprat, coïncidence singulière car nom signifie justement le « mauvais perrat » ou pierre au sens ancien de château, mot qui illustre assez l'aspect légendaire du lieu en un cadre sauvage. Et, ne manquent à la solitude de ces murs, ni le souterrain qui relie La Roche au château de Boussac, ni le trésor « d'une certaine importance » qui y aurait été découvert, et, bien entendu, non divulgué (René Germain, Châteaux, fiefs, mottes, maisons fortes et manoirs en Bourbonnais, 2004 - books.google.fr).

Fronsac par les Condés

Fronsac n'est pas nommément cité par Sand dans son oeuvre. Mais il pourrait y en avoir des allusions par l'intermédiaire des Bourbon Condé, apparaissant aussi chez Maurice Leblanc, dont le Gand Condé est une figure incontournable.

Quand il s'agit de caractériser le prince Henri II de Condé, elle l'ait aussi appel à Lénet. [Elle] a mis aussi Henri Martin à contribution pour son roman. Elle cite de lui un fragment de lettre inédite, que l'historien lui écrivit sans doute au moment où elle préparait son ouvrage. Il est question du portrait de Henri II, prince de Condé. "Une figure agréable au premier abord; tête allongée, assez régulière ; rien de la puissance ni de la bizarrerie des traits de son fils, le grand Condé; les yeux riants ; assez de grâce dans ce visage bien encadré par la longue chevelure ; les moustaches relevées, l'épaisse et longue royale. De l'incertain dans les plans du front, qui est moyen, avec des régions supérieures assez développées ; de la mollesse dans les joues. Ce regard souriant est de ceux sous lesquels on sent, avec quelque attention, le manque de dignité et de sérieuse croyance, une petite personnalité égoïste et beaucoup d'indifférence (Marie-Louise Vincent, Préhistoire et histoire, Le Berry Dans L'oeuvre de George Sand, 1919 - books.google.fr).

A propos de ce grand nom qui fit dire de celui qui le porta : « jamais ne fut gentilhomme de plus noble nature, » s’éteignit, à cette époque, en la personne d’André de Chauvigny, le dernier rejeton d’une forte et grande lignée. On se souvient que c’est dans cette illustre maison qu’était venu aboutir l’héritage de Denise de Déols ; il fut divisé entre deux grandes familles, celles de Maillé et d’Aumont. A la suite de procès interminables, le tout fut vendu en 1611 au prince de Condé, et c’est ce qui fit que son fils, le grand Condé, put faire du Berry le refuge des membres remuans de la Fronde. Ce fut aussi vers cette époque que, non loin des rives de l’Indre, furent jetés les premiers fondemens du château de Nohant, immortalisé par le long séjour qu’y fit George Sand (Edmond Plauchut, Le Berry Revue des Deux Mondes - 1892 - tome 110 - fr.wikisource.org).

Cette famille de Maillé donna la branche de Maillé Brézé qui reçut le duché de Fronsac par héritage du Cardinal de Richelieu. Clémence de Maillé Brézé transmit le duché au Grand Condé, Louis II, en scène dans le Molière de George Sand et dont le père est décrit dans Les beaux Messieurs de Bois Doré selon les Mémoires de Lénet (fr.wikipedia.org - Duc de Fronsac, Marie-Louise Vincent, Le Berry Dans L'oeuvre de George Sand, 1919 - books.google.fr).

On passe ensuite au Chêne parlant : La Cassaigne

Le Chêne parlant met en scène un jeune enfant, Emmi, pauvre et malheureux orphelin, contraint de gagner sa vie comme gardeur de cochons, jusqu'au jour où, à la suite d'une étourderie, il doit renoncer à cet cet état et chercher refuge dans la forêt. Il trouve alors un abri dans le creux d'un chêne. George Sand reprend ici un motif propre au conte, à savoir que le héros trouve de l'aide auprès de forces primitives, avec lesquelles il entretient une proximité étroite, que les adultes ont quelque peu perdue. Cet arbre vénérable, semblable aux chênes mythologiques de la forêt de Dodone, prononce des paroles oraculaires. Il s'agit d'abord pour l'enfant de se faire adopter par cette figure tutélaire. Après quoi, le chêne va le guider de ses conseils, mais de conseils dispensés au mieux en des formules laconiques. Parfois, l'enfant sera contraint d'interpréter le silence ou d'admettre qu'il ne lui est proposé aucune réponse aux questions posées - ce qui est une manière de se trouver placé devant la nécessité d'inventer soi-même une réponse à une interrogation existentielle. Ainsi, quand Emmi est tenté par une mauvaise femme, qui a toute l'apparence d'une sorcière, et qui l'engage à la suivre, le chêne prononce un interdit : « N'y va pas », qui suffit à éclairer l'enfant. Mais un peu plus tard, cette même vieille l'incite à entrer dans la société des hommes, pour y gagner sa vie : « Crois-moi petit. On ne peut vivre nulle part sans gagner de l'argent. Viens avec moi, tu m'aideras à en gagner beaucoup... ». Si ambiguë que soit cette proposition dictée par l'intérêt, elle contient cependant un fond de sagesse et lorsque Emmi interroge l'arbre sur le choix à faire, l'arbre se tait. Emmi comprend alors qu'il est temps désormais pour lui, qui a été fortifié par la solitude, d'affronter la société de ses semblables, d'œuvrer parmi les hommes. Son éducation se poursuit dans un dialogue implicite avec l'arbre : un peu plus tard encore, Emmi, de retour dans la forêt comme dans un espace sacré, s'abandonne au sommeil, à un sommeil qui est l'équivalent de ce que les Anciens désignaient sous le terme de dormition et qui se pratiquait dans les lieux sacrés doués de vertus curatives, comme Épidaure, par exemple. Ce sommeil est suivi d'un réveil bienheureux. Emmi, fort de l'expérience acquise, peut opposer au vacarme du monde « les voix mystérieuses, discrètes ou imposantes de la forêt ». Il s'en remet encore aux leçons de la nature : « Une faible brise s'éleva avec l'aube et fit frissonner mélodieusement la cime des arbres. Celle du chêne semblait dire : "Reste tranquille, Emmi ; sois tranquille et content, petit Emmi" » Il demeure confiant, fort de sa conviction que « tous les arbres ont leur voix et leur manière de gémir ou de chanter ». Grâce à ce chêne, Emmi a accédé à la maturité. Il a compris que l'insertion dans la vie sociale est nécessaire, comme est nécessaire la solitude, où il jouit de sa liberté. Cet équilibre, il l'a atteint par un dialogue riche et prolongé avec son chêne. L'arbre est ici une figure symbolique, protectrice et tutélaire, à la fois père et mère, substitut de la tendresse et de l'autorité. Emmi, qui a mûri, qui est devenu homme, finit par s'identifier à l'arbre vénérable : il dépose en son tronc un texte, une une loi morale destinée à ses descendants. Le conte, Le Chêne parlant, nous livre l'exemple d'un dialogue fécond de l'homme et du végétal (Suzel Esquier, La flore dans les contes d'une grand-mère, Fleurs et jardins dans l'œuvre de George Sand: actes du colloque international du Centre de recherches révolutionnaires et romantiques 2004, 2006 - books.google.fr).

Emmi... en hébreu

Ce rapprochement entre « Mout » et « Mutter » nous a d'abord paru un peu rapide. Mais nous avons dû constater ceci : beaucoup de langues, tant indo-européennes que sémitiques, pour désigner la mère évoquent ce genre de similitudes et renvoient au « mm ! » de la séduction précoce : singulièrement à la jouissance de la tétée. . Ainsi : Mutter et le familier Mutti ; mother et le familier mamma ou mummy ou mum ; « mère » et « maman », madre et mamma... em et emmi (hébreu)... Le rapprochement que fait Freud n'est donc pas tellement surprenant. Il y a plus : Freud cite Horapollo à l'appui de ses dires sur la déesse « Mout » et le pictogramme sacré. Horapollo écrit : « pour écrire "mère" (...) ils dessinent d'après nature un vautour ». Jean Laplanche nous a fait remarquer que le vautour se dit, en grec, soit gups soit aiguptos (qui nous fait penser à notre « gypaète ») ; or le grec disait aussi, pour désigner l'Egypte: Aïguptos ou Aiguptios ! Curieux rapprochement, en grec au moins, entre Egypte et vautour ! Poursuivant la veine découverte par Jean Laplanche, laissant le Bailly pour le Robert, que lisons-nous ? « Egypte » est une déformation, via la langue grecque, du mot égyptien Hikupta ; ce terme signifie le « Château du Ka (= de l'âme) de Ptah ». Ici, nous rencontrons une difficulté : en effet, Ptah, divinité locale de Memphis, n'était pas représenté comme un vautour mais sous forme humaine : resterait donc à décrypter pourquoi les Grecs ont « entendu » le mot égyptien (Hikupta) sonner comme leur « vautour » (Aiguptos). Nous notons aussi qu'en hébreu Egypte se dit « Miserayim » ou « masar » : ce terme renvoie à « citadelle » et rend correctement le « Château » évoqué par l'égyptien Hikupta. Si nous avions seulement la clé du glissement qui va de « Hikupta », la « Citadelle de l'âme de Pta », au vautour du grec Aiguptos, nous avancerions d'un pas de plus dans l'énigme du « contresens » de Freud sur l'oiseau du souvenir. (Jean-Pierre Maïdani Gérard, Léonard de Vinci: mythologie ou théologie ?, 1994 - books.google.fr).

"emmi" veut dire "fils" en berbère et aussi "mère" à Tombouctou, ou "parmi", "au milieu de" en ancien français.

Aujourd'hui encore, lorsqu'une mère kabyle s'adresse à son fils, elle lui dit Emmi = mon fils, et si elle veut ajouter une note de tendresse, elle dit Meummi, ce qui signifie : mon-tout-petit (Albert Memmi, Le Scorpion ou la Confession imaginaire, 1986 - books.google.fr, Jacques Azaïs, Auguste Duran, Dieu, l'homme et la parole; ou, La langue primitive, 1853 - books.google.fr).

Kernas, ancien nom de Quernes, vient de quernus, que la basse latinité a admis pour quercus, chêne. Erlebert, seigneur du lieu, donna ce village à St.-Omer en 639. Le saint prélat y fonda une église qui lui fut dédiée après sa mort (Louis Joseph Harbaville, Mémorial historique et archéologique du département du Pas-de-Calais, 1842 - books.google.fr).

Kern en allemand signifie noyau, luz en hébreu, ancien nom de la Béthel de Jacob.

Chêne parlant

Il n'y a pas que les chênes de Dodone qui donnaient des oracles, on peut discerner une telle pratique chez les Hébreux aussi.

Jacob arriva avec tous ses gens prés de Luza, au lieu où il avoit eu la vision de l'échelle. Il y érigea un Autel ; appella ce lieu Bethel, qui signifie la Maison de Dieu. En ce même endroit mourut Debora nourrice de Rebecca, qui fut enterrée sous un chêne, & ce lieu fut appelle le chêne du deuil. Il falloit que cette femme fut fort âgée, car depuis le mariage de Rebecca avec Isaac jusqu'à ce tems-là il y a cent vingt-sept ans, & Debora en avoit au moins quarante ou cinquante quand Rebecca fut mariée, puisqu'elle avoit été sa nourrice ; ainsi elle avoit environ cent quatre vingt ans. On ne sçait point par quelle avanture elle se trouve ici avec Jacob. Saint Chrysostome croit que Debora étant demeurée en Mesopotamie lorsque Rebecca en partit, vint sur la fin de ses jours avec Jacob pour voir Rebecca. Les Juifs disent au contraire que Rebecca l'avoit envoïée du pais de Chanaan en Mesopotamie pour voir son fils Jacob. D'autres croient que Rebecca étoit morte, & que cette nourrice qui étoit dans le pais de Chanaan vint par amitié trouver Jacob à sfon retour, & qu'elle s'attacha à son service. Mais il n'est pas certain que Debora fut nourrice de Rebecca ; car le mot Hébreu Menechet peut aussi signifier soeur de lait ; & en prenant ce terme dans cette signification, il ne seroit pas nécessaire de donner à Debora un si grand âge (Louis Ellies Du Pin, Dissertations historiques sur la Bible, Volume 1, 1711 - books.google.fr).

Je puis observer en passant, que comme ce chêne sous lequel fut enterrée la nourrice de Rébecca, en prit le nom de chêne des pleurs, en hébreu Bachuth, les païens, comme on le voit dans Pline, y mettoient la sépulture de la nourrice de Bacchus; et comme c'étoit dans le voisinage de Luza, ils disoient que l'endroit avoit été autrefois appelé Nysa, nom plus analogue à la ville où ils faisoient naître ce prétendu grand conquérant. Je ne m'arrête point à relever les autres bévues des païens sur les noms et sur la situation, non plus que toutes leurs fables sur ce chêne de Débora, qui, dans la mythologie, est devenu parlant, parce que le nom de Débora signifie parole (Pierre Guerin du Rocher, Histoire véritable des temps fabuleux, 1841 - books.google.fr).

Debora, nourrice ou soeur de lait de Rebecca, renvoie à Notre Dame du Lait du village de La Cassaigne qui était la temporalité (siège de la justice civile) du couvent de Prouille.

Débora, Dvora ou Deborah (en hébreu : abeille ou parole) est aussi un personnage du livre des Juges qui fait partie de la Bible. C'est une prophétesse, la seule femme parmi les Juges d'Israël. Elle rend la justice sous un palmier dans la Tribu d'Éphraïm entre Rama et Béthel. (fr.wikipedia.org - Débora).

Jacob est présent dans l'église Saint Sulpice de Paris dans la chapelle des Saints Anges, correspondant à La Cassaigne sur le plan inversé.

La Dame à la Licorne

George Sand fit connaître les tapisseries de la Dame à la Licorne que Prosper Mérimée avait découverte dans le château de Boussac, proche d'Huriel, en 1841.

Dans Promenade autour d'un village (1859), peut on lire : « Si je ne craignais pas d'impatienter mon lecteur, je lui dirais tout ce que je vois dans le rapprochement ou l'éloignement des licornes... de la figure principale. La dame, gardée d'abord par les deux animaux terribles, La dame, gardée d'abord par les deux animaux terribles, se montre peu à peu placée sous leur défense à mesure que les croissants et le pavillon turc lui sont amenés par eux. Le vase et l'aiguière qu'on lui présente ensuite ne sont-ils pas destinés au baptême que l'infidèle recevra de ses blanches mains? Et, lorsqu'elle s'assied sur le trône avec une sorte de turban royal au front, n'est-elle pas la promesse d'hyménée le gage de l'appui qu'on assurait à Zizim pour lui faire recouvrer son trône, s'il embrassait le christianisme et s'il consentait à marcher contre les Turcs, à la tête d'une armée chrétienne ? » (Marie-Louise Vincent, Préhistoire et histoire, Le Berry Dans L'oeuvre de George Sand, 1919 - books.google.fr).

Zizim était enfermé à Bourganeuf, sur le signe de croix dessiné à partir de la Croix d'Huriel (Le signe de croix de la Croix d'Huriel, Voyage dans le temps : La Dame à la Licorne : Hélène(s) ou le retour de Zizim).