Popularisée par les Écrits d'Hippocrate de Cos, né vers 460 av. J.-C dans l’île de Cos et mort vers 370 av. J.-C à Larissa en Thessalie, la théorie des humeurs fut l'une des bases de la médecine antique. Selon cette théorie, le corps était constitué des quatre éléments fondamentaux, air, feu, eau et terre possédant quatre qualités : chaud ou froid, sec ou humide. Ces éléments, mutuellement antagoniques (l'eau et la terre éteignent le feu, le feu fait s'évaporer l'eau), doivent coexister en équilibre pour que la personne soit en bonne santé. Tout déséquilibre mineur entraîne des « sautes d'humeur », tout déséquilibre majeur menace la santé du sujet (fr.wikipedia.org - Théorie des humeurs).

Selon les théories de certains médecins, il n'existe à l'intérieur du corps humain qu'une seule humeur qui change de couleur sous l'influence de la température. Pour Polybe, leur conviction vient du fait que, lorsqu'ils voient leurs patients mourir en vomissant de la bile ou du flegme, ou bien les égorgés se vider de leur sang, ils en déduisent que l'une ou l'autre de ces humeurs véhicule l'âme de l'homme. Ce traité montre ainsi qu'à la fin du V ou au début du IV siècle av. J.-C., les humeurs du corps fournissaient matière à des débats publics sur la nature de l'âme entre conférenciers opposés. Pour les partisans du principe unique dans le cosmos, en dépit des différences de couleur, il n'y a qu'une seule humeur dans le corps. Mais pour Polybe, l'homme n'est pas constitué d'une unique substance ou d'une seule humeur. S'opposant aux physiologues, il affirme que l'homme n'est absolument ni air, ni feu, ni eau, ni terre, substances qui ne sont pus manifestes dans le corps humain. Se démarquant de ses collègues, qui appliquaient les théories du principe unique aux humeurs du corps, il explique qu'il y a non pas une humeur unique qui devient tantôt noire, tantôt blanche selon les saisons, mais quatre humeurs de couleurs différentes.

La couleur du sang, du flegme, de la bile jaune (xanthê) et de la bile noire (mélaina) est ainsi l'un des arguments invoqués pour montrer que chaque humeur est différente, qu'elle a sa propre « nature », phûsis, et sa propre « puissance », dunamis. Chaque humeur a aussi sa saison propice. Le flegme étant la plus froide de toutes les humeurs du corps, il augmente pendant l'hiver, saison où l'on crache et l'on se mouche le plus. Au printemps, c'est le sang qui prévaut, sous l'influence de l'eau et de la chaleur, conditions propices à sa nature, humide et chaude. C'est en cette saison que l'on saigne du nez, et que le corps rougit et devient plus chaud. En été, le flegme diminue et la bile jaune prédomine ; en automne, saison sèche et froide, le sang est au minimum et la bile noire prédomine.

Ainsi, chaque humeur participe du chaud ou du froid, du sec ou de l'humide, principes dont la coexistence est indispensable dans l'univers. Puisque chaque humeur a sa propre couleur, les couleurs qui se manifestent chez les patients révèlent quelle humeur doit être traitée. Dans le livre VI des Épidémies, en effet, il est dit que « puisque l'urine a des rapports avec les aliments et et les boissons », il suffit de regarder la langue des patients pour comprendre quelle sera la couleur de l'urine et quelle est l'humeur qui affecte le corps : La langue indique l'urine. Langues jaune (khlôrai). bilieuse [...] ; rouges (eruthrai), cela vient du sang ; noires (mélaina), de la bile noire ; [...] blanches (leukai), du flegme (Epidémies VI, Vème section, 8) (Marcello Carastro, L'antiquité en couleurs: catégories, pratiques, représentations, 2009 - books.google.com).

Le système des quatre humeurs d'Hippocrate sont qualifiées de «filles des éléments» depuis le Pantegni de Constantin l'Africain.

Le sang : venant du cœur (caractère jovial, chaleureux) ; couleur rouge ; salé ; air ; Mars ; chaud et humide ; printemps ; Gabriel ; Gémeaux Balance Verseau ; est

Le flegme ou la pituite ou la lymphe : rattachée au cerveau (caractère lymphatique ou flegmatique) ; couleur blanche ; insipide ; eau ; Soleil ; froid et humide ; hiver ; Uriel ; Cancer Scorpion Poissons ; nord

La bile jaune : venant du foie (caractère colérique) ; couleur jaune ; amer ; feu ; Mercure ; chaud et sec ; été ; Raphaël ; Bélier Lion Sagittaire ; sud

L'atrabile ou la bile noire : venant de la rate (caractère mélancolique) ; couleur noire ; acide ; terre ; Lune ; froid et sec ; automne ; Michel ; Taureau Vierge Capricorne ; ouest.

Cette orientation des humeurs suit l'ordre isidorien (sang, flegme, mélancolie, bile : est, nord, ouest, sud) qui n'est qu'un des systèmes adoptés au Moyen Âge, mais repris par Bède le Vénérable (Dominique Boutet, Laurence Harf-Lancner, Écriture et modes de pensée au Moyen Âge, 1993 - books.google.com).

Isidore, De natura rerum - Manuscrit anglais du XIème siècle - Bodleian Library - bodley30.bodley.ox.ac.uk

Il existe des diagrammes où l'orientation n'est pas cartographique (ouest à gauche, est à droite, nord en bas et sud en haut) contrairement à celle-ci (si on effectue une rotation d'un quart de tour à gauche).

Isidore de Séville (v. 560-636) cite dans ses Etymologies Uriel aux côtés de Michel, Gabriel et Raphaël (Bulletin de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, Volume 17, Numéros 136 à 142, 2003 - books.google.com).

Aux quatre éléments répondent les quatre humeurs fondamentales, auxquelles Isidore consacre tout le début du livre IV de ses Etymologies. Après la tradition présocratique transmise par Lactance, et la tradition mystique de l'hermétisme, le principe de la sympathie universelle trouve donc aussi dans l'œuvre isidorienne une expression technique conforme à l'importance que conservait la doctrine des humeurs dans la médecine latine.

Outre le rythme annuel, la doctrine n'oublie pas l'âge du patient car les humeurs évoluent selon le cycle de la vie. On retrouve ici l'importance symbolique du chiffre quatre cher aux pythagoriciens, adeptes de l'iatromathématique. Il existe donc quatre saisons, quatre périodes dans la journée et quatre âges. [...] Une fois encore l'efficacité heuristique du chiffre quatre est démontrée; chaque humeur est rattachée à un point cardinal: le sud pour la bile, le nord pour le flegme, l'ouest crépusculaire pour la mélancolie et l'est originel pour le sang (Marc Carnel, Le sang embaumé des roses: sang et passion dans la poésie amoureuse de Pierre de Ronsard, 2004 - books.google.com).

Cela justifie la chauve-souris vespérale dans la gravure de Dürer Melencolia I. Aussi la lance de Longin associée aux Adhémars de Monteil (Montélimar) seigneurs de Rochemaure (Est de la Croix d'Huriel), du côté gauche du crucifié et de sa blessure (sang), du côté du coeur.

C'est dans les Ecritures canoniques ou apocryphes que l'on recherchera l'orientation des anges : Raphaël au midi (Haute-Egypte - Sud de l'Egypte - où est lié Asmodée) ; Michel à l'occident ; Gabriel à l'orient et Uriel au nord. En effet Raphaël n'apparaît que dans le livre de Tobie, non reconnu par le canon hébreu, Uriel dans les livres apocryphes d'Esdras et d'Hénoch.

L'idée que les astres peuvent avoir une influence sur les destinées humaines est liée à la conception même de la cosmogonie antique. La terre étant le centre du monde, et l'homme la raison et la fin des choses, il y avait rapport étroit entre l'homme et les astres dans le grand tout qu'est l'Univers. Univers d'ailleurs fort restreint pour les anciens, puisqu'ils croyaient que les astres étaient de simples météores exhalés par la terre. Les hommes pouvaient agir sur la nature et en modifier les lois, comme de leur côté les astres pouvaient intervenir clans la vie des individus et sur les phénomènes de laterre. Exemple: les marées, où Pline avait su reconnaître l'action combinée du soleil et de la lune. Les planètes clans ce système anthropocentrique et anlhropomorphique avaient donc un sexe et des propriétés.

Mars impitoyable : son éclat rouge présageait le sang, la guerre, la peste et la mort. [...] Mars commande à l'oreille gauche, au rein aux veines, au testicule, c'est-à-dire aux sources de passion. Le Soleil commande les yeux, le cerveau, le cœur, les nerfs, et en général le côté droit. Vénus commande à l'odorat (lion sait le pouvoir aphrodisiaque des parfums), au foie, aux chairs qui font la forme et la beauté. Mercure, éloquent, dirige la bile, la langue et le rectum. La Lune commande le côté gauche, le sens du goût, l'estomac, le ventre et l'utérus (M. Rollet, Médecins astrologues, Revue internationale de médecine et de chirurgie: revue analytique de bibliographie, Volume 22, 1911 - books.google.com).

En toutes ces superstitions & idolatries des dieux infernaulx, ou plustost mauvais Demons, dépendoient d’une maxime admise par les Philosophes anciens;que les mortels durant cette vie appartenoient aux celestes, & que tout nostre estre dependoit d’eux; prenans en nostre formation, assauoir du Soleil, l'esprit 8c la vie ; de la Lune, le corps ; de Mars,le sang, de Mercure, l'entendement ; de Juppiter, le desir ; de Venus, la concupiscence; & de Saturne, l'humeur ; toutes lesquelles choses en nostre resolution & trespas retournoient à eux : & ce qui demeuroit de nous, se devoluoit aux infernaulx : Ce qu’a sceu fort bien remarquer le Poëte en l'onziesme de l’Enéide : "Nos juvenem exanimum, et nil jam cœlestibus ullis / Debentem, vano mœsti comitamur honore". Enquoy il ne s'est pas fort efloigné de Lucrece (Les decades qui se trouvent de Tite-Live, traduit par Blaise de Vigenère, 1583 - books.google.com).

www.nonagnones.info a fait correspondre l'orientation des anges et de leurs planètes de la Croix d'Huriel à celle des humeurs d'Isidore de Séville. De telles correspondances peuvent être trouvées comme cela est montré dans les articles qui suivent.

Il n'y a pas de correspondance entre ce système et celui proposé des Hébreux par Jean Belot (Jean Belot, Traité de la physionomie, Les oeuvres, P. Amiot, 1688 - books.google.com).

Se qualifiant de curé de Mil-Monta, et professeur aux sciences divines et célestes, a laissé, sous le litre de ses Œuvres, un Recueil de Traités concernant la chiromancie, la physionomie, la mémoire artificielle , l'art des divinations, augures et songes, les sciences stéganographiques, et enfin l'art de prêcher doctement sans grande étude, dont il existe une édition intitulée Dernière, de Lyon, i654, Rouen, 1669 et 1688 , in-8°. On ne connoit pas de livre plus absurde ni plus mal écrit. Belot vivoit sous Louis XIII (Louis-Mayeul Chaudon, Dictionnaire universel, historique, critique et bibliographique, Mame, 1810 - books.google.com).