La majorité des informations qui suivent sont tirées de l’ouvrage de Jean Tulard, Jean-François Fayard et Alfred Fierro Histoire et dictionnaire de la Révolution française.
L’ancien régime avait laissé la France au bord de la banqueroute. La solution la plus simple, ébauchée le 4 août 1789, reprise par Talleyrand et exposée par Mirabeau dans deux discours à l’Assemblée qui démontrent « une seule chose : c’est qu’il est, et qu’il doit être de principe, que toute nation est seule et véritable propriétaire des biens de son clergé », fut d’exproprier l’Eglise. Le 2 novembre, l’Assemblée avec 568 voix contre 346 et 40 abstentions, décréta que « tous les biens ecclésiastiques sont à la disposition de la Nation, à la charge de pourvoir, d’une manière convenable, aux frais du culte, à l’entretien de ses ministres et au soulagement des pauvres ».
Honoré Gabriel Riqueti de Mirabeau est né au château du village de Le Bignon en Gâtinais. Toute son action visa à sauver la monarchie dans le cadre des acquis de Révolution : un Etat organisé sur les principes de la liberté et de la démocratie parlementaire. Il tenta de créer avec Jacques de Cazalès (Grenade, 1758 – Engalin, 1805), qui gagna, après le 10 août 1792, Coblence où il fut mal reçu par les autres émigrés, et qui rentra en France en 1803, un parti monarchiste libéral. S’il fut payé par le roi, cher, pour le conseiller, celui-ci en tint très peu compte. En effet, Mirabeau voulait que Louis XVI prenne la tête de la Révolution, en l’écartant des milieux contre-révolutionnaires qu’il considérait comme dangereux et criminels. Sa mort en 1791 privait la France attristée d’un guide. Il fut inhumé au Panthéon, mais lorsqu’on découvrit l’armoire de fer qui contenait sa correspondance avec Louis XVI, il fut retiré du temple des grands hommes et rejeté dans les ténèbres de l’Histoire pour l’injuste accusation de corruption et de trahison.
L’attitude gallicane, contentant les anticléricaux, visait à la conservation d’une religion d’Etat cimentant la Nation, comme le prônait Rousseau dans son Contrat social. Après l’interdiction des vœux monastiques et des ordres contemplatifs, la constitution civile du clergé, votée le 12 juillet 1790 par la Constituante et signée par Louis XVI, constitua l’étape suivante et nécessaire : la fonctionnarisation des membres du clergé. Près de 45 % des ecclésiastiques, encouragés par la condamnation de Pie VI en 1791, y seront réfractaires, créant un véritable schisme. « Victoire apparente d’un gallicanisme démocratisé, victoire en profondeur des forces les plus hostiles à l’Eglise – voire à la religion catholique -, la constitution civile du clergé va transformer en adversaires de la Révolution non seulement des prêtres qui avaient plutôt contribué à son succès mais une bonne partie de leurs ouailles [1]».
[1] Frédéric Bluche, Stéphane Rials et Jean Tulard, « La révolution française », PUF, p. 53