La
première fois que Tintin pose le pied en Terre Sainte, c'est en 1939, soit 8
ans avant le plan de partage de la Palestine (29 novembre 1947) et 9 ans avant
la création de l’Etat d’Israël (14 mai 1948). Dans l’aventure Tintin au pays de
l’or noir, le 28 décembre 1939 (prépublication dans Le Petit Vingtième n°52),
Tintin embarque sur le Speedol Star en qualité de radio-télégraphiste et
débarque à Caïffa (port sur la Méditérranée imaginé par Hergé, en écho à la
ville portuaire de Haïfa. Elle est depuis située au nord d’Israël. Il faut
savoir également qu’au temps des Croisades et des Mamelouks, elle portait le
nom de Caifa ou Caïffe en français. Caïffa deviendra «Haïfa» dans la première
édition de l’album en 1950. Haïfa est en fait le port le plus important de la
Palestine, sous mandat britannique à l’époque. Tintin s’y rend pour enquêter
sur une affaire d’essence frelatée (Tintin au pays de… l’or noir). Haïfa se
trouve au nord de la frontière du Liban, au pied du Mont Carmel, dans la baie
de Saint-Jean d’Acre (Tintin en
Terre Sainte, 2019 - www.tintin.com, fr.wikipedia.org
- Tintin au pays de l'or noir).
5433
On
procède comme pour Tintin au Congo avec la plaque de la guimbarde de couverture :
1385 pris pour une année, celle de la pacification de Gand et possiblement
celle de la naissance de Jan Van Eyck.
La
plaque de la jeep des Dupondt porte le n° 5433.
Le
calendrier hébraïque est un calendrier luni-solaire composé d’années solaires,
de mois lunaires, et de semaines de sept jours commençant le dimanche et se
terminant le samedi, jour du chabbat. Comme point de départ, il se réfère à la
Genèse («Beréshit» : «commencement»), le premier livre de la Bible, dont
il fait correspondre le début à l’an -3761 du calendrier grégorien
(proleptique) (fr.wikipedia.org
- Calendrier hébraïque).
L'année hébreue 5433
correspond à 1673 AD.
D'un
seul mot nous résumerons, si l'on veut, le sens général des quatre groupes à
l'avant-plan du panneau central du retable de l'Agneau mystique des Van
Eyck : c'est à droite le Nouveau Testament, à gauche l'Ancien Testament, mais à la condition d'y comprendre outre
le peuple Juif, tous ceux qui, avant la venue du Christ, ont eu foi en les
promesses Messianiques. De cette double représentation se dégage clairement
une nouvelle pensée symbolique : la troupe qui, à droite, s'achemine vers
le trône de l'Agneau, a cru en la parole divine pleinement manifestée depuis
l'enseignement du Sauveur : c'est donc la Foi qui est ici
symbolisée ; tandis que, à gauche,
c'est l'Espérance ; car cette multitude n'a pu opérer son salut, que pour avoir
gardé sa confiance en la promesse d'un rédempteur futur. Et voilà comment
en une ravissante image, sont ici figurées les deux premières vertus
théologales, ou divines : La Foi et l'Espérance (Gabriel
van den Gheyn, L'interprétation du retable de Saint Bavon à Gand: l'Agneau
mystique des frères Van Eyck, 1920 - www.google.fr/books/edition).
The Ghent Altarpiece (“Adoration of the Lamb”) by Hubert and Jan van
Eyck (1432) depicts the “redemption” of the Jews at the end of days, and the
union of Jews and Gentiles in the triumphant Church (see Lotte Brand Philip, The Ghent Altarpiece and the Art of Jan van Eyck, Princeton, 1971) (Medieval
Jewish Civilization: An Encyclopedia, 2014 - books.google.fr, en.wikipedia.org -
Lotte Brand Philip).
755
La
plaque de la voiture qui fait boum au début de l'album porte 755543, si on
ajoute les « 3 litres » demandés par les Dupondt, on retrouve 5433
après 755.
Valeur
de l'expression hébreue : obstiné (stubhorn) (www.billheidrick.com).
Quelles
épithètes usuelles Erasme applique-t-il aux Juifs ? Nous n'aborderons pas
particulièrement l'incrédulité (increduli, incredulitas), l'aveuglement
(caecitas) et l'envie (invidia) envers les Gentils, car ces épithètes sont
vraiment trop moelles et trop fréquentes. Nous en avons d'ailleurs déjà parlé,
bien qu'en passant. Nous avons aussi déjà mentionné les "malheureux"
Juifs (miseri, infelices). Les Juifs sont
obstinés (obstinati, pervicaces), intraitables (natio intractabilis),
ingrats et distraits (ingrats gens, populos ingrates et obliviosus), dépravés
(Judaerem perversitas, improbitas), impies (impii), désespérément superstitieux
(Judaeomm invicta, invincibilis superstitio), orgueilleux (superciliosi),
méchants (Judaeorum malitia), soupçonneux (Judaeorum perversa suspicio),
calomniateurs (calumniatores), sots et grossiers (duri et crassi), cruels
(Judaeorum saevitia), enragés (Judaeorom rabies, furor), jaloux (Judaicus
livor). Ils ont une nature mauvaise et incorrigible (invincibilis Judaeorum
importunitas), ils sont méprisés par tous les peuples (contempti ab omnibus
nationibus), pitoyables, réprouvés, stériles (deplorati, abjecti, steriles). Il
n'y a pas à dire, la liste n'est guère flatteuse. Précisons, toutefois, que ces
injures viennent presque toutes de St Augustin, qu'elles étaient devenues au
Moyen Age général de l'Occident chrétien. En effet, au Moyen Age, l'auteur
chrétien qui écrivait en latin empruntait presque toujours ses formules à St
Augustin lorsqu'il voulait injurier méchamment les Juifs. Après la comparaison
de notre liste avec celle que B. Blummkranz cite dans son ouvrage sur saint
Augustin, nous sommes convaincus de la discrétion et de la parcimonie avec
lesquelles Erasme a puisé dans ce trésor commun (Simon
Markisch, Erasme Et Les Juifs, 1974 - books.google.fr).
La
première oeuvre gravée de Jacques Callot à Florence est Le Purgatoire et l'Enfer d'après Poccetti, en 1612 (Daniel
Ternois, L'art de Jacques Callot, 1962 - www.google.fr/books/edition).
L'Enfer de Poccetti est formé de cercles
concentriques comme celui de Dante, mais il se présente en sens inverse par
rapport à celui-ci, comme l'a fait remarquer René Taveneaux (1968, p. 21-22) :
contrairement aux usages, l'Enfer devient ici une sorte de pyramide dont la
base est effleurée par un fleuve sur lequel flottent des barques chargées de
damnés et conduites par des démons ; les pécheurs sont répartis sur les gradins
de la pyramide. En partant du bas, où sont représentés ceux qui furent victimes
des sept péchés capitaux, on rencontre progressivement les hypocrites, les
hérétiques, les «IVDAEI OBSTINATI» («
les juifs obstinés»), les idolâtres, jusqu'à atteindre le sommet de la
pyramide surmontée par l'horripilante figure de Satan, qui dévore un corps
démembré (Florence
au grand siècle entre peinture et littérature, 2011 -
www.google.fr/books/edition).
Samuel Goldstein,
"celui qu'on attendait" (page 15)
On
peut raisonnablement formuler l’hypothèse que le personnage de Goldstein fut
représenté par Hergé (y compris dans son imaginaire de classe moyenne
occidentale de l'époque) selon les clichés conventionnels de l’«ashkenaze
d’Europe centrale» par contraste avec les autres personnages d’activistes
sionistes. [...] Il y a une allusion messianique, très probablement
intentionnelle de la part d’Hergé quand on connaît son arrière-plan idéologique
et le souci de documentation scrupuleuse qui caractérisera les oeuvres de Hergé
après les bévues commises à ses débuts dans les années 30 (singulièrement lors
de la réalisation de «au pays des soviets») (www.librairie-tropiques.fr).
117
La
pierre angulaire est ce qu'il y a de mieux.
Laissant
la pierre d'angle, on cherche la pierre
d'or
Quand
elle seule rend et riche et sage et fort.
118
La pierre philosophale
est en toi
Rentre en toi-même,
ami ; cette pierre des sages,
Il ne faut la chercher
sur sur d'étrangers rivages.
119
La pierre angulaire
fait ce qui dure éternellement
La
pierre d'or fait l'or, qui passe avec le temps,
Mais
la pierre angulaire un stable bâtiment (Le
pèrlerin chérubique de Angelus Silesius, Tome 1, traduit par Eugène Susini,
1964 - www.google.fr/books/edition).
Notons
que pétrole est en latin petroleum, du grec petra, «roche», et du latin oleum,
«huile» (fr.wikipedia.org
- Pétrole).
Angelus
Silesius ou Johannes Angelus Silesius, né Johannes Scheffler en décembre 1624 à
Breslau (en Basse-Silésie, alors sous domination de la dynastie autrichienne
des Habsbourg) et mort le 9 juillet 1677 dans la même ville, est un poète,
médecin, théologien, prêtre (franciscain) et mystique allemand. Ses épigrammes
profondément religieuses, d'un mysticisme très aigu et particulier, sont
considérées comme l'une des œuvres lyriques les plus importantes de la
littérature baroque. Il est à ce titre parfois surnommé «le Prophète de
l'Ineffable». Élevé dans le luthéranisme, il découvre au cours de ses études
les œuvres de certains mystiques du Moyen Âge ainsi que celles de Jakob Böhme
par l'intermédiaire d'Abraham von Franckenberg. Son mysticisme et ses critiques de la confession d'Augsbourg le placent
dans une position difficile vis-à-vis des autorités luthériennes ; il entrera
donc dans l'Église catholique en 1653. C'est alors qu'il prend le nom
d’Angelus Silesius (en latin, soit en français : «le messager de Silésie») (fr.wikipedia.org -
Angelus Silesius ).
Angelus
Silesius est contemporain de Sabbataï Zvi.
Sabbataï Zevi, le
Messie : "celui qu'on attendait" (page 15)
Sabbataï
Tsevi (ou Zvi ou Tzvi, ou Zevi ou Zewi ou Sevi, Sabetay Sevi en turc ;
prénom également écrit Sabbathai ou Shabtai) est né à Smyrne dans l'Empire
ottoman (actuellement Izmir, en Turquie) le 1er août 1626 et mort autour du 17
septembre 1676 en exil à Dulcigno (actuellement Ulcinj au Monténégro). Il a été
considéré de son temps comme le Messie par un grand nombre de Juifs. Sabbataï
Tsevi se proclama Messie en 1648, à l'âge de 22 ans. Il s'appuyait sur une
interprétation (contestée) du Zohar (un livre de mystique juive), selon
laquelle l'année 1648 devait voir la rédemption du peuple juif. En se proclamant
Messie, il allait provoquer un schisme profond au sein du judaïsme, entre ceux
qui l'accepteraient et ceux qui le refuseraient. Au début de 1666, Sabbataï
Tsevi partit pour Istanbul, capitale de l'Empire ottoman. Nathan de Gaza avait
annoncé qu'il placerait la couronne du Sultan sur sa tête. Dénoncé aux
autorités ottomanes par les dirigeants de la communauté juive locale comme
étant un fauteur de troubles, Sabbataï Tsevi fut convoqué au palais en 1666
pour y rendre des comptes. Après deux mois d'emprisonnement à Istanbul, Tsevi
fut envoyé à la prison d'État d'Abydos, où il fut d'abord traité avec de grands
égards, puis mis au carcan. Il est ensuite transféré dans la prison
d'Andrinople (l'actuelle Edirne). La ferveur des fidèles n'ayant pas diminué, Sabbataï
Tsevi est sommé par les autorités ottomanes de «prouver ses pouvoirs
surnaturels en survivant aux flèches dont il sera la cible». Il échappe à
l'épreuve en se convertissant à l'islam et en prenant, en septembre 1666, le
nom d'Aziz Mehmed Efendi. Sabbataï Tsevi eut par la suite une attitude ambiguë,
justifiant sa conversion par un ordre divin, mais conservant certaines
pratiques juives et kabbalistes (voir marranisme) qui lui vaudront finalement
son exil. Après des consultations avec les Juifs, le sultan Mehmet IV exile
Tsevi à Dulcigno, une petite ville côtière de l'actuel Monténégro, sur
l'Adriatique, où il meurt seul en 1676 (fr.wikipedia.org -
Sabbataï Tsevi, nostradamus-centuries.com
- II, 62 - Sabbataï Zévi, Tantale et la Samaritaine - 1676-1677).
Ce
n’est pas seulement une péripétie de l’histoire, un fait divers des temps
passés que nous dépeint ce livre, mais peut-être met-il au jour la tentation
silencieuse qui hante l’esprit de chaque juif, selon Moses Hess : être le
Messie; gare à celui qui succombe à ce singulier désir (Charles Mopsik, L’Âne,
mars 1984) (Verdier.
40 ans d édition. une chronologie, 2019 - docplayer.fr).
Dulcigno
Le grand vizir hésita
entre l'exécuter et le déporter, mais, en janvier 1673, il choisit finalement
de l'exiler à Dulcigno (en turc, Ulkün) en Albanie, que les sabbataïstes
appelaient Alkum d'après Proverbes 30, 31. Bien qu'on lui autorisât une relative liberté, il
disparut de la scène publique, mais certains de ses adeptes poursuivirent
leurs pèlerinages, semble-t-il déguisés en musulmans. Sa femme Sarah mourut en
1674, et il épousa Esther (appelée Jochebed dans d'autres sources), la fille de
Joseph Filosof, rabbin respecté de Salonique et l'un de ses principaux
partisans. De temps en temps, lors de ses illuminations, il envisageait le
retour à sa situation antérieure et considérait que la rédemption finale était
proche. Durant les dix dernières années de sa vie, notamment à Andrinople, il
avait coutume de révéler aux élus, souvent après avoir exigé d'eux qu'ils se
soumettent à une «apostasie mystique», sa version particulière du «mystère
divin» (Gershom
Scholem, La kabbale, une introduction : origines, thèmes et biographies, 1998 -
www.google.fr/books/edition).
Depuis
déjà longtemps, les chercheurs ont vu chez le nom d'Ulqin (Ulcinium, Olciniom)
le nom à base indo-européenne du loup. La figure du loup en tant que totem et
symbole héraldique apparaît jusqu'au XIVe siècle dans le sceau employé par les
seigneurs d'Ulqin, les princes albanais du moyen âge de la famille des Balsha.
[...]
D'une
égale importance pour la légende des Argonautes est aussi la légende épirote
bouthrôtienne qui dit que Médée, après le mariage de Jason avec Créûse et
l'attroce vengeance de la magicienne, «mourut et fut enterrée à Bourthrôtos».
Cette version du tombeau de Médée en territoire illyrien est différente de la
version grecque racontée, entre autres, par Euripide dans sa célèbre tragédie (Les
Lettres albanaises, Volumes 3-4, 1989 - www.google.fr/books/edition).
Butrint
(ou Butrinti) est une ville d'Albanie, située à proximité de la ville de
Saranda et de la frontière grecque. C'est aussi un site archéologique,
autrefois connu sous le nom de Buthrotum. Elle est l'autre bout de l'Albanie
par rapport à Ulkün (fr.wikipedia.org
- Butrint).
Jason
pour l'amour duquel Médée a tué son frère, trahi son père, son pays, son
peuple, celui qu'elle a toujours suivi par passion, a fini par se débarrasser
d'elle. De plus, rejetée depuis toujours par les Corinthiens parce qu'elle
était étrangère, elle est chassée sans ménagement de la ville avec ses deux
enfants. Folle de rage et de douleur, Médée se venge en tuant sa rivale : elle
offre à Créuse une tunique magique qui, à peine enfilée, s'enflamme, brûlant sa
porteuse ainsi que son père, puis incendie le palais royal. Possédée par une folie
meurtrière ou furor en latin et malgré les tentatives de sa nourrice, Médée
atteint une folie meurtrière si grande qu'elle dépasse l'humanité. Elle se
livre au pire crime, l'infanticide, en poignardant Merméros et Phérès, les
enfants qu'elle avait eus avec Jason, se vengeant de sa trahison, juste après
s'être éloignée du palais en flammes.
Selon Pline écrivant sur le naphte, c'est
ainsi qu'on rapporte que Médée brûla sa rivale : celle-ci, au moment où elle
s'approchait de l'autel pour y faire un sacrifice, eut sa couronne aussitôt
envahie par le feu (Pline l'Ancien, Histoire naturelle, livre II, 108-109) (fr.wikipedia.org
- Médée (mythologie)).
En
1914, la Scupstina avait concédé à une compagnie hollandaise le droit
d'exploiter le pétrole, lorsque la guerre vint suspendre le contrat. Le pétrole est d'excellente qualité dans la
Terminitza et à Dulcigno, identique à celui de Roumanie et de Vallona ;
certains ont voulu en déduire qu'il s'agirait des mêmes filons que dans ces
régions. La tradition rapporte que l'on exploitait jadis diverses mines au
Monténgro, précisément les mêmes qu'en Serbie (Revue
économique internationale, 1922 - www.google.fr/books/edition).
La
culture de la betterave à sucre a commencé en 1939 dans la dépression de Korça.
Dès 1941, grâce aux Italiens aidés par les Allemands, 7.000 hectares étaient
ensemencés en betteraves. La culture de la betterave n'a été reprise après la
guerre qu'à partir de 1950 : à cette époque, la production n'était encore que
de 6.250 tonnes. Elle sera portée en 1955 à 100.000 tonnes, avec un rendement
moyen de 20 tonnes à l'hectare (Notes
et études documentaires, Numéros 1821-1868, 1949 - www.google.fr/books/edition).
Les
marais de Maliq dans la préfecture de Korça ont été asséchés à cette fin. Ils
se trouvent à l'opposé de Dulcigno mais au sud-est de l'Albanie.
Proverbe 30
Il
y a quatre choses qui marchent majestueusement : Le lion, le chef, ou le
plus fort des animaux, qui ne reculera point devant tout homme armé. Et le
bouc, ou le bélier, et le roi, et l'alkum avec lui. Mais nous ne connoissons
aucun animal du nom d'alkum, si ce n'est peut-être l'alcé, qui ne differe
guéres du cheval, que par ses longues oreilles, & son grand col. Alkum, ou
alkim, signifie proprement une assemblée du peuple, où le Roi se trouve, où il
harangue, où il préside. C'est dans ces occasions où les Princes paroissent
avec plus de majesté, & de grandeur. Ainsi je voudrois traduire : Il y
a quatre choses dont la marche est majestueuse : Le lion, le plus vaillant des
animaux, ce qui ne recule pour rien du monde. Un soldat armé, & prêt à
combattre. Un bouc, & le Roi au milieu de la Cour, ou dans l'assemblée de
son peuple. Ceux qui croyent qu'Alkum est le non propre d'un Roi, qui vivoit du
tems de Salomon, n'ont pour eux aucune preuve ; non plus que ceux qui
veulent que Salomon se désigne lui-même par ce nom, qui suivant l'étymologie,
veut dire, que personne ne s'éléve contre lui, ou semblable à lui. Quelques
Exemplaires Latins lisent : Et Rex, nec est qui resistat ei, au lieu de :
Nec est Rex qui resistat ei. Et la premiére leçon est la plus conforme à
l'Hébreu (Augustin
Calmet, Les Pseaumes, Et Les Proverbes, Tome 4 de Commentaire Litteral, 1724 -
books.google.fr).
Sucre
Dans
Tintin et ses sept châteaux..., l'Or noir est associé au château de sucre par
l'intermédiaire du nid d'aigle de Smith/Müller dont le sous-sol est creusé d'un
Decauville, système ferroviaire qui a été inventé pour la logisitique d'une exploitation de
bettrave sucrière.
La
société Decauville fut fondée par Paul Decauville, fils d'un exploitant
agricole de Courcouronnes (Essonne) spécialisé dans la production de la
betterave sucrière et de sa distillation en alcool. En 1875 il invente un
nouveau type de voie de chemin de fer de faible écartement (de 400 à 600 mm)
qui très vite prit le nom de «Decauville».
L'adaptation
militaire du système Decauville est effectuée par le commandant Péchot sur la
batterie de Bouvron près de Toul et est normalisée en 1888 ; la voie de 600 est
testée en 1906, notamment à Langres.
Il
fut un outil stratégique primordial lors de la Première Guerre mondiale (fr.wikipedia.org - Decauville,
nonagones.info
- Tintin et ses sept châteaux, ou plus).
1655 est une année clé
pour Abraham Pereyra. Il est fiché sur la liste des marchands juifs qui
négocient sous un nom d'emprunt avec l'Espagne, mais surtout il obtient non
sans peine l'autorisation de fonder une raffinerie de sucre qui va faire de lui
un homme très riche.
Les frères Pereyra achètent en 1656 une teinturerie qu'ils vont transformer en
raffinerie. Elle sera prête en 1658. Dès cette époque, Pereyra, qui allie
richesse et piété, prend une place prépondérante dans la communauté. 1656 est
la date de l'exclusion de Spinoza et Pereyra fonde, avec Ephraim Bueno, une
yeshiva, Tora Or, abondamment décrite par Daniel Levi de Barrios, qui eut pour
directeur Isaac Aboab. [...] Immensément riche, il fonde, en 1659, une yeshiva
à Hebron, nommée Hessed le Abraham. 1664 est aussi un moment décisif dans la
vie de Pereyra : cette année-là, il vend la raffinerie pour une très forte
somme et il commence la rédaction de son premier ouvrage La Certeza del Camino.
Il semble qu'au fur et à mesure que la vie s'écoule, Pereyra soit rongé par
l'inquiétude du salut individuel et communautaire, par le remords. Le temps
perdu l'obsède. N'est-il pas parmi ceux qui ont trop tardé ? Mais surtout,
n'est-il pas de ceux qui se sont moqués intérieurement des hommes pieux (H.
Méchoulan, Catholicisme et Judaïsme dans La Certeza del Camino d'Abraham
Pereyra, Amsterdam, 1666, Revue des
études juives, 1984 - www.google.fr/books/edition).
La
Certeza del Camino - «le véritable chemin» d'Abraham
Pereyra parut en 1666, l'année même de la proclamation messianique de Sabbetai
Zevi. Pereyra était devenu son adepte le plus fervent (Henry
Mechoulan, Hispanidad y judaismo en tiempos de espinoza. La Certez del camino
de Abraham Pereyra, Les Nouveaux cahiers, Numéros 95-98, 1988 -
www.google.fr/books/edition).
Abraham
Pereyra soutenait bien évidemment le mouvement de tout le poids de son autorité
et de sa fortune. Il décida, avec Isaac Naar - un ancien condisciple de Spinoza
- et leurs familles, de quitter la ville par voie de terre, pour aller
au-devant du Messie et attendre, dans sa yeshiva de Hébron les manifestations
du triomphe de l'ère nouvelle. Selon une autre source d'origine chrétienne,
Abraham Pereyra partit avec sa famille pour Jérusalem «après avoir pris congé
de notre magistrat et exprimé sa reconnaissance pour les faveurs dont lui-même
et sa famille avaient ici bénéficié. Il a offert de vendre à perte une maison
de campagne qu'il possédait d'une valeur de trois mille livres sterling...»
Avant son départ, il demanda à Sasportas, en son nom et au nom d'autres riches
notables, de cesser de rendre publique son incrédulité qui portait atteinte à
la foi et à la volonté de repentance de la communauté. Abraham Pereyra relate
lui-même, dans Espejo de la Vanidad del mundo, son voyage plein de péripéties qui
prendra fin à Venise ; là, il semble déniaisé comme le prouvent toutes les
allusions au Messie à venir dans ce texte (Henry
Méchoulan, Etre juif à Amsterdam au temps de Spinoza, 1991 - www.google.fr/books/edition).
Daniel Lévi de Barrios
était issu de parents marranites.
Son père Simon ou Jacob Lévi Caniso, qui avait épousé Sara, de la famille
Valle, pourchassé par l'Inquisition, habita tantôt en Espagne, à Montilla, lieu
de naissance de Miguel, tantôt en Portugal, à Marialva et à Villa-Flor,
jusqu'au moment où il se fixa définitivement à Alger. De son mariage, Simon
Lévi eut de nombreux enfants, sept fils et quatre filles. [...] De tous les
siens, Miguel mena la vie la plus tourmentée. Il rédigea Relation des poètes et écrivains espagnols et L'histoire de l'Académie juive Ez Chajim, ou Arbol de las Vidas
d'Amsterdam (M.
Kayserling, Une histoire de la littérature juive de Daniel Lévi de Barrios,
Revue des études juives, Volumes 18-19, 1889 - books.google.fr).
Daniel Lévi de Barrios épousa à Amsterdam
Abigail de Pina, la richissime héritière d'un gros raffineur de sucre.
Personnage haut en couleur, ancien capitaine de l'armée espagnole, Barrios fut
un adepte de Sabbatai Zevi, et ses visions messianiques le conduisirent au bord
de la folie (Claude
Wainstain, Les Juifs dans les timbres, La fiancée juive, L'Arche, Numéros
497-502, 1999 - www.google.fr/books/edition).
On
se souvient de Sakharine (de saccharose) qui pourrait être le portrait de
l'auteur André Suarès, d'une famille juive dont des membres furent raffineurs
de sucre en Egypte (Nag-Hammadi) (nonagones.info
- Le Secret de la Licorne - 03).
Peryera
et Barrios viennent du Portugal comme Oliveira.
Enseignes
L’album
de 1950 donne à voir des enseignes en hébreu et en arabe. Les premières sont
correctement libellées; les secondes sont écrites dans une pseudo-écriture
arabe. Ce n’est que plus tard, dans des éditions ultérieures de ses autres
albums, que les caractères arabes seront petit à petit correctement écrits (orientxxi.info).
Page 15: blammim: brakes ; btsk: dough: pâte ou pognon, fric (Israel
Palchan, Hebrew-English, English-Hebrew Dictionary and Phrasebook, 2000 -
www.google.fr/books/edition).
blamim batsek : machine à pétrir la pâte.
La
légende de la mort de Sabbataï ne s'était pas encore développée. Samuel Gandour
n'en est pas déjà à dire que Elie Tsevi ou d'autres croyants et rabbins étaient
présents à son lit de mort. Israël Hazan parle déjà de la présence d un groupe
de croyants, mais ne fait pas mention du frère de Sabbataï. D'après son récit,
Sabbataï s'étendit pour mourir dans une grotte qu il avait préparée lui-même à
cet effet. Quelques années plus tard, Barouch d’Arezzo nous livre la légende,
parvenue à maturité : Sabbataï avait appelé son frère, sa femme, les
rabbins qui étaient auprès de lui, et avait annoncé : «Sachez que je vais
trépasser le jour du jeûne du Pardon, à l'heure de ne'ila. Portez-moi en cette
grotte que j'ai préparée près de la mer, et qu au troisième jour mon frère Elie
se rende à la grotte.» Quand le frère de Sabbataï arriva à la grotte le
troisième jour, il trouva l'entrée défendue par un énorme dragon, mais il dit
que son frère lui avait commandé de venir, et le dragon le laissa passer.
Pénétrant dans la grotte, il la trouva vide : «Il n y avait dans la grotte
ni Notre Seigneur, ni rien d autre, mais elle était remplie de lumière.»
(Gershom Scholem, Sabbataï Tsevi, Le messie mystique (1626-1676), traduit de
l’anglais par Marie-José Jolivet et Alexis Nouss) (docplayer.fr).
La
communauté ne réagit pas uniformément au mouvement et les propos de Barouch
d'Arezzo, s'ils expriment la vérité d'un «croyant», ne reflètent pas toute la
vérité. «La grande majorité croyait que Dieu avait visité son peuple pour lui
donner du pain, à savoir le pain de [son] salut. Les sages et les dirigeants
[«laïques»] décidèrent, lors d'une assemblée commune, de proclamer un grand
repentir tel qu'il n'y en eut jamais dans la ville auparavant», dans
Venise qui était connue pour sa vie licencieuse. Tout en encourageant la
pénitence, les dirigeants s'attachèrent à empêcher tout excès ou toute
déviation de la ligne traditionnelle (Gerschom
Scholem, Sabbataï Tsevi, le messie mystique 1626-1676, 2016 -
www.google.fr/books/edition).
Baruch of
Arezzo, one of Abraham Rovigo's group of Modena in Italy, composed in 1682-85,
probably in Modena, a hagiography of Shabbetai Zevi, Zikhron le-Veit Yisrael,
the oldest biography of this kind that has survived. Nathan's writings were
copied and ardently studied in these circles (Robert
Akers, Sibling Rivalry on a Grand Scale: The Devil's in the Details, 2011 -
www.google.fr/books/edition).
Le
premier jour de la fête de Pâque de l'an 1674, Abigail de Barrios, accompagnée
de son père, accourut chez Sasportas, le suppliant de venir sans retard voir
son mari, qui se démenait comme un fou, parlant constamment de visions et de
rêveries; depuis quatre jours, il n'avait ni mangé ni bu et elle craignait qu'il
ne succombât à sa faiblesse, toujours croissante. Sasportas le trouva complètement affaibli et incapable de proférer une
parole. En vain il insista pour lui faire prendre quelque nourriture, lui
représentant que ses rêveries compromettaient sa vie et qu'il laisserait sa
famille dans la plus grande misère. Il ajouta que rien ne l'empecherait de
considérer Sabbataï Zewi comme le Messie ; mais que son devoir le plus
sacré était de songer à donner du pain à sa famille. Il l'engageait donc à
continuer de s'occuper de poésie et de travailler à son grand ouvrage. Barrios
promit de suivre les exhortations de Sasportas ; cependant il continua à
s'attacher aux réveries messianiques. Tous ceux qu'il rencontrait, il les
exhortait à jeuner et à faire pénitence, car une grande catastrophe menaçait le
monde pour le châtier de ses péchés. Peu à peu de Barrios reprit ses travaux
littéraires; du reste, la nécessité l'y contraignait. Pour procurer du pain à
sa femme et à ses deux jeunes enfants - sa fille Rebecca était née le 1er janvier
1670 -, il dut condescendre à faire des vers en l'honneur des juifs riches
d'Amsterdam, de Londres et de Hambourg, à l'occasion de chaque événement
heureux ou malheureux. Il resta toute sa vie un poète pauvre, plutôt digne de
pitié que de raillerie. Seul survivant de tous ceux qu'il aimait, il mourut en
février 1701 (M.
Kayserling, Une histoire de la littérature juive de Daniel Lévi de Barrios,
Revue des études juives, Volumes 18-19, 1889 - books.google.fr).
Pétrole et sucre : des
carburants
L'organisme humain peut être parfaitement comparé à une machine qui, effectuant un travail, puise
dans le milieu extérieur l'énergie qui lui est nécessaire. Avez-vous déjà vu,
en effet, une automobile marcher sans essence, un moteur électrique sans
courant, une machine à vapeur sans charbon ou calorique similaire ? Non !
Alors, pourquoi voulez-vous qu'il n'en soit pas de même dans le plan humain. L'organisme absorbe
continuellement des substances alimentaires et brûle sans cesse de l'énergie et
de la chaleur. D'autre part, les aliments contribuent à édifier et à développer
les tissus, et se décomposent en abandonnant la majeure partie de leur chaleur
de formation. Les graisses et surtout le sucre sont, au premier chef, des
aliments dynamogènes, c'est-à-dire par conséquent des fournisseurs d'énergie. Un
simple chiffre vous convaincra, puisque le sucre abandonne à l'énergie quatre
calories par gramme, venant ainsi en tête des aliments. De même qu'un bon
carburant n'abime pas votre moteur, les aliments sucrés présentent le
grand avantage de brûler sans encrasser l'organisme. Les hommes astreints à des travaux pénibles, et pour lesquels
d'importantes dépenses d'énergie physique réclament de puissantes réserves,
doivent consommer des substances sucrées. Sous quelque forme que ce soit :
en confitures, en entremets, compotes, dans la boisson, le sucre constitue un
des elements notre force. Evitons donc la lassitude et assurons nous une bonne
digestion et une bonne santé, et une bonne humeur, en faisant du sucre une
large part dans notre alimentation (Ecole
et la Vie, Volume 17, 1933 - www.google.fr/books/edition).
Le
sucre est un carburant du corps humain, tandis que le pétrole l'est de la
société humaine du XXe siècle. On peut dire aussi que le sucre est le carburant de l'animé et le pétrole de l'inanimé.
Pline
l'Ancien écrivait sur la nature du naphte : On appelle ainsi une substance qui
coule comme du bitume liquide, dans les environs de Babylone et dans
l'Astacène, province de la Parthie. Le feu a une grande affinité pour elle, et
il s'y jette dès qu'il est à portée (fr.wikipedia.org - Naphte).
Le
sucre a-t-il été connu des anciens ? On n'en doute point d'après ce que
dit Pline, saccharum et Arabia fert, sed laudatius India; l'Arabie porte de bon
sucre, mais celui de l'Inde est meilleur. Il ajoute que c'est un miel gommeux,
fragile sous la dent, qu'on recueille sur des roseaux. Il paroît par ce
passage, que le sucre des anciens n'étoit qu'un sel essentiel, cristallisé par
la force du soleil. Ce qu'en disent Dioscoride et Galien confirme ce rapport de
Pline. Ce sucre qu'on recueilloit en petite quantité étoit réservé aux usages
de la médecine (Pline, LIV. VI). D'après ce témoignage de Pline, il y a
apparence que la canne à sucre a été connue de toute antiquité dans les Indes et dans
l'Afrique. Paul d'Egine, médecin grec, fait mention du sucre en 625 (Étienne
Gabriel Peignot, Amusemens Philologiques, 1824 - books.google.fr).